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Gary Levy

What Have You Done For Me Lately? Jeremy Akerman, Lancelot Press, Windsor, Nova Scotia, 1977, 84p.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un ouvrage récent, cet opuscule publié par un député de l'Assemblée législative de Nouvelle Écosse mérite d'être mieux connu, surtout des parlementaires. M. Akerman soutient qu'il désirait écrire un bref ouvrage pour familiariser le citoyen moyen avec la politique et les hommes politiques, mais il a, en fait, dépassé ses objectifs. En quelques pages, il relate, avec esprit et clarté, les joies et les frustrations que connaissent les simples parlementaires. Il partage l'exaspération qui gagne le parlementaire provincial, arrêté dans la rue à la mi été, et à qui un électeur furieux demande pourquoi il n'est pas à Ottawa. Il comprend la frustration du député fédéral qui met des heures à se rendre, par auto ou par avion, dans sa circonscription et auquel on reproche les décisions d'un conseil municipal, dont il ignore tout. Au fil des pages il relate aussi des moments touchants comme lorsqu'une vieille retraitée, la larme à l’œil, offre un dollar froissé à son député pour le remercier du service qu'il lui a rendu.

M. Akerman classe ses collègues parlementaires en plusieurs catégories. Il y a d'abord  l'homme d'État, une race si rare qu'il n'en a jamais rencontré. Au nombre des types mentionnés, notons le  partisan qui ne reconnaît que ses propres vertus et qui n'est sensible qu'a ses propres arguments; viennent ensuite  l'orateur  qui fait rire ou pleurer selon l'occasion et le « gardien de «nuit > qui peut longuement divaguer sur à peu près n'importe quel sujet, permettant ainsi à ses collègues de rassembler leurs documents et leurs esprits.

M. Akerman réserve quelques bons mots pour le Président qui, comme tous les humains, a certaines faiblesses. Il donne l'exemple de Présidents dont le vote a été décisif parce qu'il y avait partage égal des voix. L'un des Présidents a suivi la coutume en disant qu'il voterait en faveur d'un projet de loi controversé présenté par M. Akerman parce que ce projet de loi pourrait ainsi être étudié de façon plus approfondie. L'autre Président a brisé l'égalité en faveur du gouvernement et a ajouté: « Selon moi, le gouvernement fait du bon travail! »

Le chapitre le plus sérieux du livre est celui où l'auteur se demande si un député doit suivre la voix de sa conscience ou les désirs de ses électeurs. Akerman souhaite clairement que le député ait plus de liberté et vote selon sa conscience et

non selon les désirs de son parti ou de ses électeurs, particulièrement pour les questions morales ou pour les questions comme l'avortement qui ont trait, selon son expression, au "mode de vie".

Comme de nombreux hommes politiques, Akerman n'a pas une très haute opinion de la presse. Il dénonce son utilisation trompeuse des titres ainsi que sa tendance à citer des propos hors de leur contexte. La presse parle de « foule » lorsqu'il s'agit d'un de ses favoris, mais tout simplement d'  « auditoire » lorsque l'homme politique lui déplaît. Selon le candidat, il y aura « foule » ou une « poignée de partisans fidèles ». Il donne un exemple de ce genre de journalisme en citant un article portant sur un discours qu'il prononça à Antigonish pendant la campagne électorale de 1970. L'article disait: « M. Akerman, dont le coûteux complet de tweed, importé d'Angleterre, contrastait singulièrement avec la mise modeste de son minuscule auditoire, a affirmé que le NPD était le parti des petites gens ». Akerman précise ensuite que le complet en question, acheté dans un magasin de prêt à porter de Sydney, avait coûté environ $100.

En conclusion, Akerman dresse la liste des avantages et inconvénients de la vie d'homme politique. Le travail est intéressant et varié et donne l'occasion de voyager dans la province ou le pays et de rencontrer nombre de gens. Par contre, l déplore un manque de vie privée. A ses yeux, toutefois, la véritable déception est de voir des commettants qu'on a aidé se retourner contre soi. « Certaines des personnes à qui le député a consacré le plus de temps peuvent être les mêmes qui travailleront d'arrache pied contre lui lors des prochaines élections. C'est cela la démocratie, mais le député en souffre tout de même >. Selon Akerman, la véritable récompense de la vie publique est la satisfaction de savoir qu'on ne se contente pas d'être un spectateur impuissant, mais qu'on essaie d'influer sur le cours des événements, « Toutefois, la plus grande récompense est encore de savoir qu 1 on a réussi à aider quelqu'un, particulièrement lorsque cette personne vous en est reconnaissante. >

Le rédacteur


Canadian Parliamentary Review Cover
Vol 3 no 2
1980






Dernière mise à jour : 2020-09-14