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John Hamm
Démocratie 250 est un organisme non partisan à but non lucratif créé par
une loi de la Chambre dassemblée de la Nouvelle-Écosse avec lappui unanime
de tous les partis. Lorganisme planifie les célébrations marquant le 250e
anniversaire du premier gouvernement représentatif en Nouvelle-Écosse et
de la première démocratie parlementaire au Canada. Dans le présent article,
lauteur examine comment et pourquoi la Nouvelle-Écosse souligne lévénement.
Lorsque la première assemblée parlementaire du Canada sest réunie le 2 octobre 1758
dans un petit bâtiment en bois à Halifax, ce nétait quun début modeste
pour la démocratie canadienne. La première assemblée élue était constituée
de 19 hommes tous blancs, tous protestants, tous propriétaires fonciers.
Limportance de lévénement a été signalée dans un éditorial publié en 1912
dans le Times de Londres : « LAssemblée de la Nouvelle-Écosse a été le début
de ce grand développement qui nous a donné les pays libres du Commonwealth. »
Et comme la écrit lauteur Archibald MacMechen : « Quimporte langle sous
lequel vous la voyez, cette rencontre de 19 hommes a constitué un événement
mémorable. Il sagissait du premier effort en vue dinstaurer des institutions
politiques libres dans ce qui est maintenant le Canada. »
La démocratie en était à ses premiers balbutiements. Toutefois, elle a
évolué en quelque chose de beaucoup plus gros quand la Nouvelle-Écosse
a adopté plus tard le gouvernement responsable et la liberté de presse,
deux caractéristiques de la démocratie moderne dont la province est, encore
une fois, une fière pionnière.
La Nouvelle-Écosse a aussi été la première province du Canada à instaurer
une cour suprême. De fait, nous avons été les premiers à le faire en Amérique
du Nord. Par conséquent, les quatre piliers de la liberté canadienne, les
pouvoirs exécutif et législatif du gouvernement, le pouvoir judiciaire
et la liberté de presse ont tous été des premières néo-écossaises. La Nouvelle-Écosse
est LA province au Canada qui a façonné le cours de la démocratie canadienne.
Tous les 50 ans, nous soulignons lanniversaire du gouvernement représentatif.
Permettez-moi de vous lire ce que le lieutenant-gouverneur Fraser a écrit
à loccasion du 150e anniversaire :
Dabord ici, dans le grand royaume qui est maintenant la patrie et au-delà
des mers, des hommes se sont réunis pour former un parlement et pour délibérer
sur des questions qui touchaient le pays dans lequel ils vivaient. Certes,
ce nétait pas avec le même pouvoir, la même liberté, la même responsabilité
quaujourdhui, mais il sagissait quand même dune rencontre entre des
hommes libres représentant des hommes libres. Personne ne peut nier que
ces hommes et leurs successeurs ont fait leur part de façon honorable,
désintéressée et patriotique, jusquà ce que notre gouvernement soit devenu
pleinement responsable. Dans lavenir, nos enfants et nos petits-enfants
vont certainement célébrer à nouveau cette grande époque de notre histoire.
Tout comme lavait prédit le lieutenant-gouverneur Fraser, nous célébrons
une fois de plus cette étape cruciale de lhistoire de notre nation.
Est-il nécessaire de célébrer la démocratie? Je crois que oui, et bien
dautres partagent cet avis. Comme la dit Joseph Howe, fier Néo-Écossais,
grand Canadien et père de la presse libre au Canada : « ... une nation sage
préserve ses archives, entretient ses monuments, décore les tombes de ses
illustres disparus, restaure ses grands édifices publics et cultive la
fierté nationale et lamour du pays en perpétuelle référence aux sacrifices
et à la gloire du passé. »
Outre le simple fait de reconnaître un jalon de lhistoire nationale, il
existe une autre raison importante pour laquelle nous devons célébrer la
démocratie. Nous devons nous rappeler, et surtout rappeler aux jeunes,
que la démocratie est importante que lacte de voter et lengagement civique
se trouvent au cur même des libertés canadiennes.
Pourquoi devons-nous rappeler aux Canadiens quelque chose daussi évident?
Parce que les chiffres nous amènent à le faire. La participation au scrutin
dans les élections générales aux échelles nationale, provinciale et municipale
a constamment décliné depuis le retour des soldats canadiens après la Seconde
Guerre mondiale. Prenons les dernières élections générales en Ontario.
Même si les experts avaient prédit une chaude lutte, mais à peine 50 p. 100
des électeurs admissibles se sont présentés aux urnes. Lors dune récente
élection partielle dans ma province, les journaux annonçaient la bonne
nouvelle quon avait enregistré une participation de 44 p. 100. Et dans une
récente élection municipale partielle toujours en Nouvelle-Écosse , moins
de 12 p. 100 des électeurs se sont présentés aux urnes, tandis que quatre
candidats se disputaient le poste.
Quand on regarde ces chiffres, on constate combien peu de gens déterminent
réellement qui va les représenter et qui va parler au nom de tous les autres.
Selon des statistiques et des études, la principale raison, cest que les
jeunes sont nombreux à sabstenir de voter. De fait, dans la plupart des
élections, les jeunes de moins de 25 ans affichent une participation de
moins de 25 p. 100. Aux dernières élections fédérales, plus de 1,2 million
de jeunes Canadiens de 18 à 25 ans ne sont pas allés voter.
Je suis certain que les jeunes chérissent leurs libertés autant que nimporte
qui. Et je suis convaincu quils croient à la libre entreprise et quils
sont reconnaissants de la primauté du droit qui nous protège tous.
Ce qui est curieux et troublant , cest que, même si je sais que les jeunes
daujourdhui sintéressent beaucoup à des questions comme lenvironnement,
léducation, les droits de la personne, la justice sociale et la pauvreté,
ils sont de plus en plus nombreux à choisir de ne pas exercer le seul droit
qui garantit tous les autres : le droit de vote. Ils sont nombreux à ne
pas faire le lien entre tout ce quils ont et la démocratie.
À la place, ils utilisent dautres moyens pour faire connaître leurs idées
politiques, notamment par le pouvoir dachat. Les jeunes nhésitent pas
à sexprimer pratiquement tous les jours sur Internet, par le biais de
YouTube, des blogues et de Facebook. Ils connaissent bien leurs convictions
et, peut-être plus que toute autre génération avant eux, ils les expriment
librement pourtant ils ne vont pas voter. Alors, quelle est la réponse?
Comment arrêter le déclin de la participation des jeunes ou renverser la
tendance?
Démocratie 250 croit que la première mesure à prendre, cest damener un
plus grand nombre de jeunes à sengager activement dans leurs collectivités.
Si plus de gens sengagent... si plus de gens vont voter
notre démocratie
ne sen portera que mieux notre province et notre pays gagneront en force.
Il y a 250 ans, la Nouvelle-Écosse a acquis le droit de forger son destin
et, grâce à cette victoire, nous avons contribué à forger le destin des
autres.
Si la liberté existe aujourdhui, cest parce que les Canadiens croient
en la démocratie. Nous croyons au pouvoir et au potentiel de chaque individu
dutiliser ses talents, ses forces et ses habiletés de façon à améliorer
le sort de tout le monde.
À mon avis, personne dautre que John George Diefenbaker na mieux décrit
ce que signifie être un Canadien doté du pouvoir que confère le vote. Voici
ce qua déclaré M. Diefenbaker à la Chambre des communes le 1er juillet 1960,
jour du dépôt du projet de loi visant à établir la Déclaration des droits :
Je suis un Canadien, un Canadien libre, libre de mexprimer sans crainte,
libre de servir Dieu comme je lentends, libre dappuyer les idées qui
me semblent justes, libre de choisir les dirigeants de mon pays.
Je me demande ce que M. Diefenbaker penserait de létat actuel de la démocratie
au Canada. Je suis persuadé quil conviendrait que, selon la plupart des
critères, elle est solide. Je pense aussi que, selon les critères du passé,
elle montre des signes de détresse. Létat de la démocratie nous révèle
que la participation aux élections est à son plus bas et que lapathie
et le cynisme des électeurs est à son plus haut. Il nous indique aussi
que, dans le grand confort dun grand pays, où personne ne nous jette des
bombes sur la tête, où les exemples de libre entreprise abondent, où la
primauté du droit règne et où les libertés personnelles sont protégées,
nous tenons peut-être certaines choses pour acquises.
La démocratie, la libre entreprise et toutes les autres libertés quelle
nous donne nexistent pas par décret. Il faut lintérêt et lengagement
actif de tous nos citoyens. Et quand on considère combien il est facile
de participer au vote dans notre pays comparativement à dautres endroits,
on est en droit de se demander pourquoi tant de Canadiens ne votent pas.
Le journal du matin est livré à notre porte. Pour avoir les dernières nouvelles
sur la scène politique, on peut écouter le bulletin de nouvelles à la radio
ou à la télévision ou aller sur Internet. La liberté de presse nous permet
dêtre informés. Et il ne faut que quelques minutes pour voter.
Un de mes anciens collègues ma raconté récemment quil était allé en Afrique
pour surveiller le déroulement des élections dans un pays qui accédait
tout juste à la démocratie, 250 ans après que nous avons obtenu le droit
de vote. Il ma parlé dune femme qui est restée sous un soleil de plomb
pendant des heures avec ses quatre jeunes enfants juste pour avoir la chance
de voter.
Cest une image qui me rappelle combien je suis chanceux et reconnaissant
de vivre dans un pays où il est facile de voter et où le pouvoir du vote
de chaque homme et de chaque femme est le même. En tant quancien politicien,
je sais quil y a beaucoup de méfiance et de cynisme chez la population
par rapport à la politique et aux politiciens, et je le comprends. Bien
des gens croient que le vote nest pas important, que la politique est
une perte de temps et que tous les politiciens sont là pour leur propre
intérêt.
La politique nest pas facile. Il y a beaucoup plus de demandes quil y
a dargent pour y répondre. Il y a beaucoup plus de questions complexes
quil y a de réponses faciles. Mais, dune façon générale, selon mon expérience,
la vaste majorité des personnes qui entrent dans la vie publique le font
en ayant à cur les meilleurs intérêts des autres, et la plupart font du
mieux quils peuvent. La démocratie nest pas toujours rose et est habituellement
très lente, mais, avec le temps, elle est efficace.
Le cynisme, la méfiance et lapathie constituent de piètres excuses pour
ne pas aller voter. Si nous navons pas confiance en notre député à la
Chambre des communes ou à lassemblée législative ou en notre conseiller
municipal, si nous ne laimons pas ou ne sommes pas daccord avec lui,
le vote existe pour changer les choses pour le mieux. Soyez assurés que
les lobbyistes vont aller voter, que les groupes dintérêts spéciaux vont
aller voter et que les partisans des partis politiques vont aller voter.
Lavenir de notre pays ne devrait pas et ne doit pas être laissé à ces
groupes et uniquement à ces groupes. Il devrait nous incomber den décider
collectivement, riches, pauvres, noirs, blancs, chrétiens, musulmans, juifs,
gais, hétérosexuels, jeunes et moins jeunes.
Comme la dit Aristote, la démocratie fonctionnera mieux quand plus de
gens travailleront pour la démocratie. Cest pourquoi, au-delà des feux
dartifice et des chars allégoriques, au-delà des concerts et des soirées
folkloriques prévus pour lannée en cours, Démocratie 250 veut joindre les
jeunes Canadiens et les engager à nouveau dans le processus démocratique.
En mars, nous avons lancé une campagne à lintention des jeunes qui sintitule
« D250 : Faites votre marque ». Nous avons récemment tenu la première de huit
assemblées publiques où des élèves du secondaire se sont réunis pour participer
à une élection simulée et discuter de sujets qui préoccupent les jeunes.
Nous voulions leur rappeler que nos libertés, et les libertés dont ils
jouissent aujourdhui, ont été obtenues chèrement. Que leurs grands-pères
et leurs grands-mères, leurs arrière-grands-parents, ont trop souvent fait
le sacrifice ultime, pour quils puissent vivre dans un pays qui épouse
les libertés pour lesquelles tellement de gens dans dautres pays comme
le Pakistan, lAfghanistan, le Kenya, lIran et lIraq combattent et meurent.
Nous voulions leur rappeler que, même aujourdhui, leurs pères, leurs mères,
leurs frères, leurs surs, leurs oncles et leurs tantes mettent leur vie
en danger pour assurer les libertés dautres personnes et pour faire en
sorte que notre pays et notre monde soient plus sûrs.
Et nous voulons leur rappeler que, sils veulent changer les choses pour
le mieux pour leur génération, ils doivent se tenir debout et sexprimer
le jour des élections ou, mieux encore, sengager activement dans le processus
politique.
Ce ne sera pas facile. Et je ne mattends certainement pas à voir les choses
changer du jour au lendemain. Mais jespère que, grâce à cette année spéciale
de commémoration axée sur la démocratie, nous pourrons commencer quelque
chose ici, dans notre province qui comme ce fut le cas il y a 250 ans
va évoluer et prendre beaucoup dexpansion.
Peut-on arrêter le déclin de la participation au scrutin et renverser la
vapeur? Je le crois, mais pas sans aide. Il faudra que beaucoup de personnes
mettent la main à la pâte. Il faudra beaucoup de travail de la part des
parents, des enseignants, des politiciens, des dirigeants communautaires,
religieux et dentreprises. Il faudra lappui enthousiaste des jeunes Canadiens,
et il y en a beaucoup qui sont davis quon ne peut pas permettre à lapathie
des électeurs déroder, dattaquer ou de miner les libertés démocratiques
que nos ancêtres ont établies et que nos anciens combattants ont défendues
vaillamment.
À cette fin, jespère que tous les politiciens font leur part. Beaucoup
dentre vous êtes parents la majorité dentre vous êtes le frère ou la
sur, la tante ou loncle dune personne plus jeune avec qui vous pouvez
parler de politique. Selon un récent article paru dans la revue PS: Political
Science and Politics que publie lAmerican Political Science Association,
les avantages sont les suivants :
Des données permettant de croire que la croissance des racines du civisme
à ladolescence peut être indispensable au développement du sens civique
à long terme a stimulé la recherche sur des facteurs qui pourraient influer
sur le développement de ce sens pendant cette période. Lune des conclusions
intéressantes qui a découlé de ces recherches, cest limportance manifeste
des discussions sur le développement de la compétence civique. Les adolescents
qui discutent de politique avec leurs parents, leurs pairs ou leurs enseignants
possèdent généralement un comportement, une attitude et des compétences
en société meilleurs que ceux dautres jeunes. Ils acquièrent des connaissances
supérieures en politique, manifestent une plus grande intention de voter
dans lavenir et réussissent mieux dans la société en général
En une année spéciale de célébration, il va falloir plus que des feux dartifice
et des chars allégoriques pour influer positivement sur la participation
des électeurs, en particulier chez les jeunes. Il va falloir plus que des
discours danciens politiciens. Il va falloir que chaque personne sassoie
avec au moins une jeune personne pour lui rappeler ce quelle a, tous les
sacrifices faits pour garantir cet héritage et tout ce quil faut faire
pour le protéger. Jaimerais terminer avec une citation dun ancien premier
ministre et fier Néo-Écossais, sir Robert Borden, qui, il y a 80 ans, réfléchissait
sur notre pays.
Noublions jamais la vérité solennelle que la nation nest pas constituée
des vivants uniquement. Il y a aussi ceux qui sont venus avant et ceux
qui sont à naître. Alors, cette grande responsabilité nous vient comme
héritiers du passé et gardiens de lavenir. Mais avec cette responsabilité
vient quelque chose de plus grand encore. La responsabilité de prouver
que nous sommes dignes delle et je prie pour que cela ne soit pas oublié.
Je partage ses sentiments. Jespère que cest aussi votre cas.
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