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Saskatchewan
Le
18 juin 1991, la quatrième session de la vingt et unième législature
provinciale a finalement été prorogée après avoir siégé 116 jours depuis la
première séance, le 19 mars 1990. Il s'agissait de la dernière réunion de
l'assemblée législative avant les élections générales du 25 octobre.
Impasse
Les
plans du gouvernement en vue d'harmoniser la taxe de vente provinciale et la
TPS fédérale ont été la principale question étudiée à la fin de la session. La
taxe est devenue un élément de la plate-forme électorale des deux côtés de
l'Assemblée. Le gouvernement, qui compte sur l'appui des régions rurales de la
Saskatchewan, soutient que l'augmentation de la taxe est nécessaire pour
financer un certain nombre de programmes agricoles essentiels. Par ailleurs, le
chef de l'opposition, Roy Romanow, a annoncé que, si le NPD est élu, il
abolira la taxe, estimant que le besoin de revenus supplémentaires du
gouvernement est imputable à une mauvaise gestion fiscale. Ce différend a
provoqué une série d'événements sans précédent à l'Assemblée législative de la
Saskatchewan.
Le
projet de loi 61, An Act to amend The Education and Health Tax Act (No.2)
renferme un plan d'harmonisation complète de la taxe provinciale et de la TPS fédérale.
Il n'avait fait l'objet que d'environ onze heures de débat lorsque le
gouvernement a déposé une motion d'attribution de temps limitant à cinq heures
la durée du reste du débat. L'opposition a réagi à cette mesure en faisant de
l'obstruction par la présentation de milliers de pétitions contre la taxe de
vente provinciale, ainsi qu'en laissant la sonnerie d'appel sonner relativement
aux motions d'ajournement. Ned Shillington, porte-parole de l'opposition
en matière de finances, a dit que les tactiques dilatoires étaient le seul
moyen qui restait pour faire état de la frustration du public.
Pour
sa part, le leader du gouvernement à l'assemblée législative, Grant Hodgins,
a défendu les mesures prises par son gouvernement en accusant l'opposition
d'avoir déjà retardé l'adoption de diverses mesures courantes en ayant recours
à l'obstruction et à des manœuvres de procédure pour empêcher l'étude du projet
de loi 61. L'assemblée législative a été paralysée durant onze jours en mai,
tandis que l'opposition a présenté quelque 120 000 signatures de
pétitionnaires s'opposant à la taxe. Finalement, le 30 mai, le gouvernement
acceptait de renoncer à son intention de fixer une période de temps, et la
Chambre reprenait l'étude du projet de loi 61, qui a fait l'objet de vingt
heures de débat supplémentaire avant que le gouvernement n'applique la clôture
et ne fixe un délai pour l'adoption de cette mesure législative.
Il
n'est pas surprenant que les événements entourant l'adoption du projet de loi
61, notamment la présentation de pétitions et l'attribution d'une période de
temps pour limiter le débat, ait fait l'objet de nombreux rappels au Règlement.
Les députés des deux côtés ont défendu leur point de vue respectif avec fermeté
et sont restés sur leur position, paralysant ainsi complètement les travaux de
la Chambre. L'opposition a exigé le retrait de la menace de l'attribution d'une
période de temps, tandis que le gouvernement a cité l'exemple de la Chambre des
communes et soutenu qu'il avait le droit de recourir à des motions de
remplacement pour contourner la présentation de pétitions, premier point sous
la rubrique des Affaires courantes dans le Feuilleton.
Le
Président Arnold Tusa a eu à trancher la difficile question de
l'à-propos des procédures qui se déroulaient sans pouvoir se fonder sur des
règles ou pratiques pertinentes. Le Président Tusa a décidé qu'il
n'interviendrait pas avant que les députés n'aient eux-mêmes essayé d'en
arriver à un compromis. Il a déclaré que la responsabilité première en matière
de règlement de conflits graves ayant certainement des conséquences étendues
sur le bon fonctionnement de l'assemblée incombait aux députés eux-mêmes. Le
Président s'est dit d'avis que les députés étaient aussi responsables que lui
du bien-être de l'institution parlementaire de la province. Il a donné à la
Chambre beaucoup d'occasions de discuter de la question et a invité maintes
fois les leaders à la Chambre à négocier une entente. Le Président a aussi
reporté le prononcé de sa décision jusqu'au moment où la Chambre reprendrait
son activité normale.
Dans
sa décision rendue le 12 juin, le Président Tusa a signalé que la protection de
la minorité contre l'oppression, de même que la protection de la majorité
contre l'obstruction, sont deux fonctions de la présidence, et qu'il incombe à
celle-ci de concilier les intérêts opposés de la Chambre. Le Président a ajouté
que même si le Règlement n'impose pas de limite de temps à la présentation de
pétitions, celui-ci n'a pas pour but non plus de paralyser complètement les travaux
de la Chambre. Selon le Président, la façon dont l'opposition s'est servie des
dispositions relatives à la présentation de pétitions constituait un abus du
Règlement, de même que le fait, pour le gouvernement, de limiter
déraisonnablement la durée du débat. Le Président a déclaré qu'il n'est pas
intervenu lors de l'impasse, parce que toute mesure prise par lui aurait
procuré un avantage à l'une des parties dans une situation caractérisée par
deux abus aussi graves l'un que l'autre. Afin d'assurer un équilibre dans
l'avenir, le Président Tusa a rejeté la position du gouvernement qui demandait
l'autorisation de recourir à des motions de remplacement, et il a invité ce
dernier à prendre conscience des conséquences d'une limitation indue du débat.
Il a aussi précisé qu'il ne laisserait pas le recours indu à la présentation de
pétitions devenir un précédent et a, par conséquent, déclaré que, dorénavant,
la présidence limiterait la présentation de pétitions à un maximum d'une heure
par jour.
Activité des comités
Le
Comité permanent des comptes publics et le Comité spécial du Règlement et de la
procédure sont les deux seuls comités de l'assemblée à s'être réunis au cours
du printemps.
Le
Comité du Règlement s'est réuni pour confirmer la procédure relative à l'élection
d'un Président par scrutin secret, dont il a été fait état dans le dernier
numéro de la Revue parlementaire canadienne.
Depuis
le mois d'avril, lorsque la Chambre est revenue siéger, le Comité des comptes
publics s'est réuni régulièrement. Après le dépôt de son cinquième rapport, qui
portait sur le rapport annuel du vérificateur provincial pour l'exercice
1988-1989, le Comité a entrepris l'étude du rapport annuel de 1989-1990 du
vérificateur provincial.
Le
Comité a aussi examiné un certain nombre de questions touchant divers
ministères et organismes. Il a eu plusieurs discussions sur d'autres questions
de longue date, notamment la publication et la disponibilité, entre les
sessions, des Comptes publics de la Saskatchewan et du rapport annuel du vérificateur
provincial, afin de permettre au Comité d'étudier ces documents immédiatement
plutôt que de devoir attendre leur dépôt à l'assemblée, ce qui ne survient
parfois que des mois plus tard. Le Comité s'est aussi penché sur la complexité
de la présentation des Comptes publics de la Saskatchewan, ainsi que sur la
pertinence de certains renseignements qu'on y trouve, et il a convenu de
formuler certaines recommandations appropriées.
Par
ailleurs, l'Assemblée a ordonné, à la demande du Comité, le renvoi du projet de
loi 53, An Act to amend The Provincial Auditor Act, au Comité des
comptes publics, aux fins d'un examen article par article. Le ministre des
Finances, a Lorne Hepworth, a comparu devant le Comité afin de défendre
son projet de loi, ce qui est tout à fait exceptionnel, étant donné que les
ministres sont rarement invités à participer aux réunions du Comité des comptes
publics.
Les
dispositions-clés du projet de loi 53 incluent la réglementation du mandat du
vérificateur provincial (il s'agit d'un mandat de six ans avec possibilité d'un
renouvellement); l'octroi d'une autonomie plus grande au Bureau du vérificateur
provincial, du fait que ses prévisions budgétaires seraient approuvées par le
Bureau de régie interne plutôt que par le ministère des Finances; et
l'élargissement du rôle du vérificateur provincial grâce à des dispositions
législatives prévoyant une vérification intégrée. Malheureusement, ce projet de
loi est mort au Feuilleton lorsque la Chambre a été prorogée le 18 juin.
Prorogation
Outre
les divers projet de loi sur l'agriculture qui ont été déposés et adoptés par
l'Assemblée, un autre élément de la plate-forme électorale du gouvernement est
son programme de décentralisation de l'activité gouvernementale, de Regina aux
régions rurales de la province, intitulé «Fair Share Saskatchewan». Jusqu'à
maintenant, on a annoncé le déménagement de quelque 1 200 fonctionnaires.
La réaction des intéressés et de leur syndicat a été pour le moins négative et
a entraîné un certain nombre de manifestations importantes à l'édifice de
l'Assemblée législative. Toutefois, le coup le plus dur à la politique de
décentralisation a été porté le 17 juin, lorsque le leader du gouvernement à
l'Assemblée législative et ministre de l'Environnement, Grant Hodgins, a
annoncé qu'il démissionnait du Cabinet et du caucus parce qu'il ne pouvait plus
appuyer le programme «Fair Share». M. Hodgins a décidé de siéger comme
indépendant. Le 18 juin, le premier ministre décidait de proroger l'assemblée.
Au
cours des deux semaines qui ont précédé la prorogation, l'Assemblée a ratifié
un certain nombre de projets de loi prévoyant des réformes démocratiques,
notamment une mesure législative visant à assurer la «liberté d'information»
ainsi que la tenue de référendums et de plébiscites. Le budget du gouvernement
est lui aussi mort au Feuilleton. L'Assemblée n'a étudié aucun budget de
ministère avant la prorogation, mais le premier ministre Grant Devine a
souligné que l'on avait adopté la plupart des mesures législatives que le
gouvernement jugeait essentielles et que, par conséquent, une période de
«refroidissement» s'imposait avant la campagne électorale. En l'absence du
déclenchement d'élections, ce qui, selon le premier ministre, ne se produirait
pas avant le mois d'août, l'opposition a contesté la capacité du gouvernement
de financer ses opérations au moyen de mandats spéciaux. Le ministre des
Finances a déclaré que les préoccupations de l'opposition étaient sans
fondement, surtout du fait que des élections allaient être déclenchées sous peu.
En
ce qui a trait à ces élections prochaines, le gouvernement a décidé de ne pas
se servir de la nouvelle carte électorale tracée conformément à la décision de
la Cour d'appel de la Saskatchewan, mais de conserver plutôt les limites des
circonscriptions qui étaient contestées et qui ont été maintenues par la Cour
suprême du Canada, le 6 juin dernier. Le gouvernement n'a toutefois pas rendu
sa décision officielle avant que le Président Tusa ne dépose le rapport de la
commission de délimitation des circonscriptions électorales de 1991, soit le 18
juin, jour même de la prorogation. Le premier ministre Devine a expliqué,
relativement à la prorogation soudaine de l'assemblée, que, étant donné, entre
autres, que l'on avait confirmé que les limites des circonscriptions
électorales de 1989 étaient constitutionnelles, le moment était venu pour les
députés de retourner dans leurs circonscriptions afin que les «électeurs
puissent bien connaître les candidats des partis politiques».
Gregory A. Putz, Greffier adjoint
Nouveau Brunswick
Le
9 mai, la quatrième et dernière session de la cinquante et unième législature
de l'Assemblée législative a été ajournée jusqu'au 19 novembre 1991. Au cours
de cette session de 25 jours, la plus courte depuis 1964, 69 des 70 projets de
loi proposés par le gouvernement, ainsi que quatre projets de loi privés, ont
reçu la sanction royale.
Parmi
les projets de loi du gouvernement qui ont été adoptés, il y avait la Loi
sur le conditionnement des boissons, la Loi modifiant la Loi sur le financement
de l'activité politique et un projet de loi de blocage des salaires
intitulé Loi sur la gestion des dépenses.
Peu
après que le Comité permanent des modifications législatives a fait rapport de
six recommandations à la Chambre en ce qui concerne le projet de loi 76, Loi
sur le conditionnement des boissons, le gouvernement a proposé une nouvelle
législation, le projet de loi 53, la Loi sur le conditionnement des boissons,
qui était le résultat d'une consultation poussée et de nombreuses audiences
publiques. Ce projet de loi stipule que les boissons ne seront vendues au
Nouveau-Brunswick que dans des contenants réutilisables ou recyclables. Les
distributeurs qui vendent des contenants doivent veiller à ce que ceux-ci
soient recyclés. Il prévoit un remboursement variable, selon le type de
contenant acheté. Il donne le pouvoir de faire en sorte que la politique de
fixation des prix ne supprime pas l'encouragement financier donné aux
consommateurs avec le remboursement complet des contenants réutilisables. Les
détaillants ne seront pas tenus d'accepter les contenants vides. On encouragera
le secteur privé à établir des centres de remboursement pour accepter tous les
contenants visés par la loi. Les règles d'étiquetage sont simplifiées.
L'industrie garde 50 p. 100 des droits versés pour l'environnement afin d'aider
à payer les coûts du recyclage. Les 50 p. 100 restants sont versés dans un
fonds environnemental en fidéicommis qui sert à financer l'administration,
l'éducation du public pour l'empêcher de jeter des détritus, les initiatives de
nettoyage et l'aide pécuniaire aux sociétés du secteur privé. Le ministre de
l'Environnement, Vaughn Blaney, a estimé que cette loi créera environ
200 emplois, dont la majorité se trouveront dans de petites entreprises au niveau
communautaire.
Les
modifications apportées à la Loi sur le financement de l'activité politique
prévoient qu'une personne, qu'une société ou qu'un syndicat peut faire, dans
une année civile, un contribution pouvant atteindre 6000 $ à chaque parti
politique enregistré ou à n'importe quelle association de circonscription
enregistrée de ce parti enregistré et jusqu'à 6 000 $ à un candidat
indépendant enregistré. La contribution maximale de 6 000 $ peut être
répartie entre un parti politique enregistré et son association de
circonscription.
Avant
cette modification, la contribution totale qu'une personne, qu'une société ou
qu'un syndicat pouvait faire pendant une année civile était fixée à un maximum
de 9 000 $.
La
Loi sur la gestion des dépenses a instauré un blocage des salaires d'un
an qui s'applique à tous les secteurs de la fonction publique du
Nouveau-Brunswick et qui impose de la même manière ce blocage des salaires aux
universités, aux municipalités et aux maisons de repos. Les dispositions de ce
blocage des salaires visent tous les employés non syndiqués des mêmes
organismes du secteur public.
La
Loi sur la clarification des titres, qui propose de dissiper un certain
membre d'incertitudes concernant la propriété foncière dans la province et de
simplifier le processus de recherche et de certification des titres, a
également été déposée pendant cette session et a été renvoyé au Comité
permanent des modifications législatives pour des audiences publiques.
Après
avoir étudié le livre vert intitulé Proposition de Réforme du système des
poursuites publiques, ce comité a fait rapport à la Chambre le 24 avril
1991. Ses recommandations définissent et exposent les paramètres des
responsabilités relatives à un poste qui existe déjà, à savoir celui de directeur
des poursuites judiciaires.
Parmi
les recommandations du comité, on trouve les suivantes :
Le
directeur des poursuites judiciaires devrait détenir ses pouvoirs d'une Loi
sur les poursuites publiques. Cette loi devrait clairement établir le poste
de directeur et devrait définir le rôle et les responsabilités propres à ce
poste.
Un
moyen terme devrait être trouvé entre le contrôle total du directeur des
poursuites judiciaires et les procureurs de la Couronne et l'absence complète
de tout contrôle.
La
loi doit reconnaître le procureur général, qui joue un rôle constitutionnel,
juridique et traditionnel, comme la principale autorité judiciaire en ce qui
concerne le système de poursuites publiques. Elle devrait aussi reconnaître le
droit de contrôle du procureur général en matière de poursuites en
l'autorisant, personnellement ou par l'intermédiaire du procureur général
adjoint, à donner des directives dans des cas précis et à établir des lignes
directrices générales écrites.
La
loi devrait en outre reconnaître le droit du procureur général, personnellement
ou par l'intermédiaire du procureur général adjoint, d'intervenir dans
certaines affaires et d'en assumer la conduite.
Le
directeur devrait avoir un pouvoir de contrôle sur tous les procureurs de la
Couronne et le droit d'établir des lignes directrices générales écrites, de
donner des directives précises dans certains cas, d'intervenir dans des
affaires déterminées et d'en assumer la conduite.
La
loi devrait aussi déterminer le rôle et les responsabilités du procureur de la
Couronne en ce qui concerne les poursuites judiciaires, en reconnaissant le
rôle et les responsabilités du directeur, du procureur général adjoint et du
procureur général.
Bien
que le Comité admît qu'il y avait des arguments en faveur d'une autonomie
complète des procureurs de la Couronne pour entamer des poursuites et les
conduire, il a estimé qu'une telle autonomie manquerait clairement de la
responsabilité nécessaire et serait incompatible avec le rôle constitutionnel,
juridique et traditionnel et les responsabilités du procureur général, du
procureur général adjoint et du directeur des poursuites judiciaires.
Afin
d'obtenir l'autonomie pour les poursuites aussi bien que la responsabilité dans
ce domaine, le Comité a choisi un moyen terme entre la subordination complète
des procureurs de la Couronne et l'absence de tout contrôle.
Le
Comité spécial d'élaboration de la politique économique a présenté à la Chambre
un rapport provisoire le 26 avril 1991 à propos du document de travail Les boisés
privés : éléments d'action pour l'avenir. Ce document avait été déposé le 1er
novembre 1990 et avait été renvoyé au Comité pour une étude plus poussée et la
participation du public. Le Comité a sanctionné le principe de la «source
primaire d'approvisionnement». Il a conseillé une révision de la Loi sur les
terres et forêts de la Couronne en ce qui concerne l'importance des coupes
à blanc, les méthodes d'exploitation forestière et l'accessibilité. Il a
recommandé aussi qu'on encourage les offices de commercialisation à promouvoir
un meilleur aménagement des forêts et que le Comité continue à évaluer la
politique et les programmes forestiers relatifs au secteur des boisés privés.
Alors
que quelques motions ont été présentées et débattues à la Chambre par des
simples députés depuis que le gouvernement libéral de Frank McKenna
s'est emparé de la totalité des 58 sièges du Nouveau-Brunswick et a laissé les
partis politiques enregistrés sans aucun siège d'opposition à la Chambre, un
nombre sans précédent de mémoires ont été renvoyés à des comités et ont été
offerts aux commentaires du public.
En
1988, dans le cadre de ses efforts pour devenir plus accessible au public, le
gouvernement McKenna a fait installer pour la première fois des caméras de
télévision à la Chambre.
Le
Règlement, modifié provisoirement, a permis la participation des partis
politiques enregistrés. Au début, ceux-ci présentaient des questions écrites
qui étaient lues par le greffier et auxquelles répondait le ministre à qui
elles étaient adressées. Après la session de 1989, le Comité permanent de la
procédure a apporté des modifications pour améliorer la période des questions
provisoire et a conseillé de conserver la période des questions de 30 minutes
pour les partis d'opposition non élus. Par la suite, la Chambre a adopté une
résolution accordant aux chefs des partis politiques enregistrés le privilège
de comparaître à la barre de la Chambre pour poser des questions aux ministres
sur les affaires publiques ou sur toute question d'administration pour
lesquelles ils sont responsables. Pendant la session de 1990, des modifications
supplémentaires ont permis aux chefs des partis politiques enregistrés de
présenter des pétitions de la barre de la Chambre pendant l'étude des affaires
courantes ordinaires. La participation de représentants politiques non élus
s'étendait aux comités des comptes publics, des sociétés d'État, du budget des
dépenses et des modification législatives.
Le
Président a rendu un hommage particulier au sergent d'armes, Leo F. McNulty,
qui prenait sa retraite, pour les nombreuses années qu'il a passées au service
des habitants et de la province du Nouveau-Brunswick.
Le
mandat de son gouvernement en étant à sa quatrième année, le premier ministre
McKenna a déclenché des élections pour le 23 septembre 1991. (Voir ailleurs
dans ce numéro un résumé des résultats des élections.)
Loredana Catalli Sonier, Greffière
adjointe
Ontario
La
session du printemps de l'Assemblée législative de l'Ontario a été marquée par
le dépôt du premier budget de la 35e législature, par une série de
tactiques d'obstruction, par la décision du Président de la Chambre sur ces
tactiques, par les démissions de ministres, par l'exercice du droit de vote
prépondérant du Président de la Chambre lors de la mise aux voix d'un projet de
loi, par la désignation d'un député par son nom, par des discours sur la fin
prochaine du mandat du lieutenant-gouverneur, par la démission du chef de
l'Opposition officielle, par un remaniement ministériel et par la création de
l'Association parlementaire Ontario-Québec.
Le
trésorier Floyd Laughren a déposé le 29 avril un budget qui prévoyait un
déficit sans précédent de 9,7 milliards de dollars. Cette initiative a alors
déclenché une série d'interventions qui ont perturbé le fonctionnement normal
de la Chambre et de ses comités pendant deux semaines. Ainsi, on a présenté un
grand nombre de motions d'ajournement du débat qui alternaient avec des motions
d'ajournement de la Chambre. On a aussi proposé des motions afin de passer
d'une partie des affaires courantes ordinaires à une autre (ou à un autre ordre
du jour).
Parmi
les autres tactiques, on retrouve l'invocation du Règlement au sujet de
l'absence de réponse, en temps opportun, à des questions écrites et le dépôt en
première lecture d'un grand nombre de projets de loi d'initiative
parlementaire. (Le titre complet d'un de ces projets de loi contenait les noms
de tant de cours d'eau de la province que sa lecture par le motionnaire,
Michael Harris, chef du Parti progressiste-conservateur, et ensuite par Noble
Villeneuve, Président adjoint, et par le greffier adjoint ainsi que le
greffier des journaux a rempli 12 pages des procès-verbaux du 6 mai).
Face
à ces interventions, Shelley Martel, leader parlementaire du parti au
pouvoir, a invoqué le Règlement le 13 mai et demandé au président David
Warner de déclarer que ces interventions abusaient du Règlement de la
Chambre. Le Président s'est abstenu de toute décision jusqu'au 27 mai, date où
il a refusé d'acquiescer à la demande du leader parlementaire. Il estimait que
les partis pouvaient encore négocier et que la situation à la Chambre n'était
pas encore arrivée à une impasse ni à un point mort. Après cette décision, les
partis ont réglé leurs différends et convenu de tenir des audiences publiques
sur le budget. Les travaux de la Chambre ont alors repris à leur rythme
habituel.
Le
13 juin, Anne Swarbrick, ministre sans portefeuille responsable des
questions féminines, et Mlle Martel ont informé la Chambre qu'elles remettaient
leur démission pour avoir écrit au Collège des médecins et chirurgiens de
l'Ontario afin d'exprimer leur inquiétude au sujet de la décision du Collège de
permettre à un médecin de continuer d'exercer sa profession en attendant la
décision du tribunal où il avait appelé de quatre condamnations pour attentat
sexuel. Le premier ministre Bob Rae a d'abord accepté la démission de Mme Swarbrick
et il a envisagé d'accepter celle de Mlle Martel, mais le même jour,
il décidait de les refuser toutes les deux.
Le
2 mai, le président adjoint Gilles Morin a exercé son droit de vote
prépondérant pour faire adopter en deuxième lecture un projet de loi
d'initiative parlementaire, après que le greffier de la Chambre eut annoncé que
les voix se partageaient également entre celles qui étaient en faveur et celles
qui étaient contre la motion. Le Président adjoint a indiqué à la Chambre qu'il
n'empêcherait pas la poursuite de l'étude du projet de loi en votant contre la
deuxième lecture.
Comités
Le
20 juin, le Comité extraordinaire sur l'enceinte parlementaire, co-présidé par David
Warner et Noel Duignan, a déposé un rapport sur les propositions de
restauration de l'Édifice du Parlement. Ce rapport proposait un plan d'ensemble
de restauration qui prévoyait des recommandations précises sur la façon de
rendre l'Édifice législatif plus accessible au public et de le réparer et le
restaurer.
Le
Comité permanent des affaires financières et économiques, présidé par Jim
Wiseman, a tenu des audiences publiques sur les achats outre-frontière. Il
a entendu les témoignages de groupes représentant le secteur agricole, le
secteur manufacturier, les détaillants, les offices de commercialisation, les
syndicats, les distributeurs alimentaires et les municipalités. Le Comité a
constaté l'ampleur du problème et s'est aperçu qu'il n'y a aucune panacée.
Dans
son rapport à la Chambre, le Comité a demandé la création d'une tribune
regroupant les divers paliers de gouvernement afin de rassembler et d'analyser
des données sur ces achats et de concevoir des mesures unifiées et coordonnées
pour régler ce problème. Le Comité a aussi recommandé une campagne de
sensibilisation afin de faire savoir au public que des achats importants
outre-frontière nuisent à l'économie intérieure, font perdre des emplois et ont
des répercussions négatives sur les villes frontalières. Cette campagne
encouragerait le public à effectuer ses achats chez les marchands locaux afin
d'assurer la stabilité et l'intégrité des économies ontarienne et canadienne
ainsi que de la qualité de la vie chez nous. Au cours de l'été, le Comité a
tenu de vastes audiences sur le budget provincial de 1991-1992, le premier du
nouveau gouvernement.
Le
Comité permanent des comptes publics, présidé par Robert Callahan, a
déposé le 15 juillet son premier rapport de 1991, dans lequel il examine les
vérifications de trois universités et de deux commissions scolaires effectuées
en février 1991. Le Comité a aussi entrepris un examen comparatif des centres
de désintoxication de l'Ontario et des États-Unis. Il s'est rendu à sept
centres américains en août et prévoit visiter les installations ontariennes cet
automne.
Le
Comité permanent de la mise en valeur des ressources a tenu 12 heures
d'audiences sur la Commission des accidents du travail en mai et en juin,
conformément à l'ordre de renvoi 123. Le Comité terminera son rapport à
l'automne. Entre temps, il étudiera le projet de loi sur la protection des
salaires des fonctionnaires. Le Comité a tenu des audiences publiques et
effectué un examen article par article en juillet et août.
Le
mandat du Comité spécial sur le rôle de l'Ontario dans la Confédération a été
prolongé jusqu'en novembre, afin que ce comité puisse approfondir son examen du
rôle de l'Ontario dans la Confédération. Le Comité prévoit aussi se rendre dans
d'autres provinces et dans les territoires afin de discuter de manière non
officielle avec les comités ayant des mandats semblables.
Le
Comité a également organisé en octobre une conférence au cours de laquelle les
délégués de toutes les régions de la province ont pu exprimer leurs points de
vue et leurs aspirations concernant l'avenir de l'Ontario dans la
Confédération.
Le
Comité permanent des affaires gouvernementales, présidé par Remo Mancini,
a étudié deux questions conformément à l'ordre de renvoi 123. La première,
présentée par Yvonne O'Neill portait sur l'incidence des achats
outre-frontière, en particulier les effets sur les pertes d'emplois, sur la
diminution des ventes et sur l'évitement fiscal. Le Comité a entendu des
témoins du ministère du Trésor et de l'Économie, du ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie, du ministère du Revenu et du ministère du
Travail. De plus, il a invité des témoins représentant divers organismes
commerciaux et professionnels touchés par les achats outre-frontière. Le Comité
devrait continuer d'étudier cette question en septembre et espère déposer un
rapport à la Chambre en octobre.
Le
Comité a aussi commencé à étudier une question, proposée par David Turnbull,
au sujet de la décision du ministère de la Consommation et des Relations
commerciales de fermer 14 bureaux d'enregistrement des droits immobiliers en
Ontario. Le Comité a entendu le président de l'Association du Barreau canadien
et d'autres représentants du secteur juridique, des arpenteurs et des
représentants municipaux. Il déposera son rapport à la Chambre cet automne.
Le
Comité permanent des organismes gouvernementaux, présidé par Robert Runciman,
a commencé à étudier la liste des nominations prévues aux organismes, offices
et commissions du gouvernement dans le cadre du nouveau processus d'examen des
nominations. Entre janvier et juin, le Comité a déposé à la Chambre douze
rapports fondés sur les entrevues qu'il a menées auprès de 53 personnes dont
les nominations étaient prévues et qu'il a toutes approuvées, bien que
certaines l'aient été avec dissidence.
Le
Comité a également déposé un rapport le 16 mai, comme le lui avait demandé la
Chambre, afin de décrire son avis et ses recommandations sur les éléments à
inclure dans son ordre de renvoi permanent (ordre de renvoi 104 g))
régissant le processus d'examen des nominations. Les recommandations des
députés des deux partis de l'opposition ont été regroupées dans un avis
dissident inclus dans le rapport. Après la présentation du rapport, des
discussions entre les leaders à la Chambre et un débat à la Chambre le
26 juin, l'ordre de renvoi a été modifié et a pris effet le 28 juin.
Pendant
le congé d'été, le Comité a repris ses travaux habituels d'examen des activités
de quelques organismes, offices et commissions. En une semaine, le Comité a
entendu les témoignages des parties intéressées (y compris l'Association
canadienne du droit de l'environnement et l'ABC-Ontario) sur la Commission des
affaires municipales de l'Ontario. Il a aussi rencontré deux conseils de la
santé de district, TVOntario et la Société de développement de l'Est de
l'Ontario. Un rapport est prévu à l'automne.
Le
Comité permanent de l'Assemblée législative, présidé par Noel Duignan, a
poursuivi son étude de la Loi de 1987 sur l'accès à l'information et la
protection de la vie privée. Le Comité a également étudié les services et
les installations des députés, y compris la fourniture d'une épinglette
d'identité à l'intention de tous les députés, aux fins de sécurité.
À
la demande du Président de la Chambre, le Comité a examiné la question des
activités et de l'identification partisanes des députés relatives aux bureaux
de circonscription, aux bulletins et autres activités ou produits financés par
les deniers publics. Après avoir examiné les règles et les pratiques ailleurs
au Canada, le Comité s'est engagé dans un débat vigoureux d'où ne s'est dégagé
aucun consensus en vue d'un changement radical du statu quo.
En
août, un sous-comité du Comité a participé à l'assemblée annuelle de la
National Conference of State Legislatures à Orlando, en Floride.
Autres
questions
Le mandat de Lincoln Alexander au poste de
lieutenant-gouverneur de l'Ontario prend fin le 20 septembre. Les députés lui
ont rendu hommage le dernier jour de la session du printemps. Au cours de son
mandat de six ans, ce lieutenant-gouverneur omniprésent et populaire a effectué
672 visites dans des villes et villages à l'extérieur de Toronto, donné 675
réceptions où il a accueilli quelque 76 000 invités à sa suite de l'Édifice de
l'Assemblée législative, accepté plus de 4 000 invitations dans la province,
visité 230 écoles et serré plus de 240 000 mains.
Le
même jour, Robert Nixon annonçait à la Chambre qu'il démissionnerait de
son poste de chef de l'opposition le 31 juillet, après presque 30 ans de
service à l'Assemblée législative de l'Ontario. (M. Nixon et son père ont
représenté la circonscription de Brant-Haldimand et la circonscription
antérieure pendant plus de 70 ans.) Parmi ceux qui lui ont rendu hommage en
Chambre, citons le premier ministre Bob Rae, Michael Harris et James
Bradley. Le 1er août, plus de 700 de ses amis, collègues et
partisans ont participé à un gala d'adieu donné en son honneur à l'Ontario
Place. M. Nixon est devenu délégué général de l'Ontario à Londres le 1er
septembre.
Le
président Warner et le président de l'Assemblée nationale du Québec, Jean-Pierre
Saintonge, se sont rencontrés à Québec les 21 et 22 mai et à Toronto le 31
mai et le 1er juin pour créer une association parlementaire
bilatérale, l'Association parlementaire Ontario-Québec. Cet organisme sera
chargé de promouvoir la collaboration interparlementaire entre les deux
assemblées et de favoriser l'amitié, la bonne volonté et la compréhension
mutuelle.
Peter Sibenik, Greffier adjoint
Chambre des communes
Le
début de la Troisième session de la Trente-quatrième législature aura été
marqué par un discours du Trône, l'adoption d'un nouveau Règlement pour la
Chambre des communes, un débat mouvementé sur le rétablissement de certains
projets de loi et une pléthore de questions sur les tenants et les aboutissants
de l'immigration au Canada de l'ancien ambassadeur d'Irak aux États-Unis,
M. Mohammed Al-Mashat.
Le
discours du Trône du 13 mai 1991 annonçait les plans du gouvernement pour ce
qui sera probablement la dernière session de la législature avant la tenue
d'élections générales. Mentionnons au nombre des priorités du
gouvernement : l'unité nationale; la réforme constitutionnelle; la mise
sur pied d'un comité mixte spécial sur la Constitution; le libre-échange
nord-américain; l'environnement; une commission royale sur les affaires
autochtones; l'éducation; des changements dans l'administration du système de
justice; la concrétisation des engagements pris à New York en 1990 lors du
sommet consacré aux enfants; la création d'un comité d'hommes et de femmes
d'élite chargé d'enquêter sur la violence faite aux femmes; l'adoption de
mesures législatives visant le plafonnement des dépenses fédérales et la
création d'un fonds de service de la dette; et une autre réforme parlementaire
destinée à aider les parlementaires à mieux remplir leurs obligations envers
leurs commettants.
Tous
les projets de loi ayant expiré au Feuilleton au moment de la prorogation de la
Deuxième session de la Trente-quatrième législature, le gouvernement a cherché
à obtenir le consentement unanime de la Chambre pour présenter, sans en avoir
donné avis, des motions visant le rétablissement de certains d'entre eux. La
Chambre le lui a refusé. Après avoir obtenu son consentement à l'égard de l'une
des motions qu'elle avait au préalable rejetée, le gouvernement a tenté à
nouveau de reprendre l'étude des projets de loi en cause, à l'étape où il
l'avait abandonnée à la deuxième session, en présentant cette fois une motion
contenant plusieurs propositions. Les objections ont fusé. Les députés de
l'opposition ont déclaré qu'il y avait effectivement eu prorogation du
Parlement et que le gouvernement cherchait «à contourner le processus législatif...
en fait à le corrompre». Ils ont soutenu que la motion était irrecevable parce
qu'elle prévoyait l'adoption d'une motion législative sur laquelle la Chambre
s'était déjà prononcée. Jugeant la motion antiréglementaire parce qu'elle
contenait plusieurs propositions visant le rétablissement de six mesures
législatives distinctes, ils ont en outre ajouté que la Chambre n'avait jamais
eu à mettre aux voix une motion portant rétablissement de projets de loi,
lequel exige son consentement unanime. Ils ont également fait observer que l'un
des articles de la motion aurait pour conséquence l'adoption d'un projet de loi
au cours de la Troisième session sans que la Chambre n'ait eu à le débattre
parce qu'il aurait été réputé lu une troisième fois et adopté. Après une longue
discussion durant laquelle le gouvernement a essayé de réfuter l'un après
l'autre les arguments de l'opposition, le Président a reporté sa décision sur
la recevabilité de la motion et autorisé la Chambre à poursuivre ses travaux.
Il en est plus tard arrivé à la conclusion qu'il ne voyait «pas de raison
impérieuse d'interdire que l'on procède par voie d'avis de motion» et qu'il
n'avait pas été «convaincu non plus de rejeter la motion d'emblée». Il a
toutefois ajouté que, parce que la présidence avait «un peu de mal à accepter
l'argument qu'un député, par un seul vote, peut exprimer adéquatement son
opinion sur six mesures législatives distinctes», la Chambre tiendrait un seul
débat, mais des votes distincts sur le rétablissement des cinq projets de loi
sur lesquels elle ne s'était pas encore prononcée. Le jour suivant, le
gouvernement a proposé la clôture du débat et la Chambre a adopté les motions
visant le rétablissement du projet de loi C-26, Loi modifiant la Loi sur les
chemins de fer (subventions pour le grain et la farine); du projet de loi
C-58, Loi modifiant la Loi sur les jeunes contrevenants et le Code criminel;
du projet de loi C-78, Loi de mise en œuvre du processus fédéral
d'évaluation environnementale; du projet de loi C-82, Loi modifiant les
actes pour pourvoir à la nomination d'un gardien de port pour le havre de
Québec et celui de Montréal; et du projet de loi C-85, Loi réglant
certaines questions soulevées par les cessions d'aéroports. (Comme on l'a
vu précédemment, la motion visant le rétablissement du sixième projet de loi au
cœur du débat, le projet de loi C-73, Loi portant dissolution ou cession de
sociétés d'État, avait déjà été adoptée du consentement unanime de la
Chambre lors d'une séance précédente.)
Outre
ces motions de rétablissement, la Chambre en a adopté d'autres voulant que le
Comité permanent des finances effectue une étude préliminaire, c'est-à-dire
qu'il en fasse l'examen avant la deuxième lecture à la Chambre, du projet de
loi C-19, Loi sur les banques et les opérations bancaires, et que le
Comité permanent des consommateurs et sociétés et de l'administration
gouvernementale effectue une étude préliminaire du projet de loi C-22, Loi
édictant la Loi sur le recouvrement des créances salariales et modifiant la Loi
sur la faillite et d'autres lois en conséquence. Les projets de loi
suivants ont reçu la sanction royale au cours des six premières semaines de la
Troisième session : le projet de loi C-2, Loi modifiant la Loi sur
l'Office national de l'énergie; le projet de loi C-6, Loi concernant
l'exportation et l'importation de certaines armes; le projet de loi C-9, Loi
visant à faciliter la répression du recyclage financier des produits de
criminalité; le projet de loi C-24, Loi no 2 portant
affectation de crédits pour 1991-1992; et le projet de loi C-25, Loi sur
la manutention des grains en Colombie-Britannique.
La
Chambre a également adopté des motions visant la reconstitution du Comité mixte
spécial chargé d'étudier le processus de modification de la Constitution du Canada,
du Comité permanent de la santé et du bien-être social, du troisième âge et de
la condition féminine et du Comité permanent des privilèges et des élections.
Le premier a poursuivi son étude des formules de modification de la
Constitution, le deuxième a terminé son étude du régime des soins de santé au
Canada et le troisième a repris son étude et présenté un rapport à la Chambre
le 28 février 1991 sur la question de privilège soulevée par Derek Lee.
Ce dernier a soutenu qu'il y avait eu atteinte au privilège des membres du
Comité permanent de la justice et du Solliciteur général parce que celui-ci
avait refusé de leur soumettre, comme ils le lui avaient demandé, des copies
non expurgées de deux rapports. Le premier portait sur l'évasion de Daniel
Gingras d'un établissement pénitentiaire fédéral en Alberta, tandis qu'il
était question, dans le deuxième, d'Allan Légère, illégalement en
liberté au Nouveau-Brunswick. Après avoir entendu plusieurs témoins, le comité
recommandait dans un rapport daté du 29 mai 1991 que la Chambre des communes
ordonne au Solliciteur général de fournir au Comité, dans un délai de 30 jours,
des versions non expurgées des deux rapports. Le 18 juin 1991, la Chambre
l'enjoignait de le faire, au cours d'une séance à huis clos du Comité.
Plusieurs
députés ont exhorté le gouvernement à accélérer la réforme parlementaire
annoncée dans le discours du Trône. À plusieurs reprises, de simples députés
conservateurs et des députés indépendants se sont levés après la période de
questions pour protester contre le fait qu'ils ne réussissaient pas à avoir la
parole. Invoquant des autorités en matière de procédure à l'appui de leur
allégation que d'autres députés prenaient trop de temps pour poser des
questions et y répondre, ces députés ont affirmé que, comme leurs collègues
d'en face, ils avaient des questions pressantes à poser au gouvernement et
qu'ils devraient donc au même titre qu'eux pouvoir exprimer leurs
préoccupations et demander au gouvernement de répondre de ses actes. Il a été
proposé que les députés discutent de la question entre eux, que plus de temps
soit prévu pour la période des questions et que la durée des interventions soit
limitée. Aucune proposition n'ayant été retenue, le nouveau Comité permanent de
la gestion de la Chambre a entrepris d'étudier la réforme parlementaire,
question qui est venue s'ajouter à ses tâches, qui consistent à nommer les
membres des comités, à procéder à des tirages pour les Affaires émanant des
députés, à allouer des salles aux comités maintenant répartis par «secteurs» et
à établir des lignes directrices pour la radiodiffusion de leurs délibérations.
À en juger d'après les discussions du Comité à ce jour, il semblerait que la
période des questions sera l'un des grands points inscrits à son programme de
réforme.
Les
discussions, parfois très orageuses, qui ont pris naissance à la Chambre au
cours de la période de questions et qui se sont poursuivies au cours des
réunions du Comité permanent des affaires extérieures et du commerce extérieur
ont aussi fait ressortir le lien entre la période de questions et les travaux
des comités. Au début de mai, on a appris que l'ancien ambassadeur d'Irak aux
États-Unis, M. Mohammed Al-Mashat, avait été subrepticement
autorisé à entrer au Canada après la guerre du Golfe persique sans qu'aucun
ministre n'en sache rien. Après qu'il eut été annoncé que deux hauts
fonctionnaires étaient en cause, le Comité permanent a invoqué son pouvoir de
«faire une étude et présenter un rapport sur toutes les questions relatives au
mandat, à l'administration et au fonctionnement des ministères qui (lui) sont
confiés» et entrepris d'examiner pourquoi Al-Mashat avait si vite été autorisé
à immigrer au Canada. Les ministres en cause, en raison de leur charge actuelle
ou de celle qu'ils occupaient avant le remaniement ministériel (Joe Clark,
ministre responsable des Affaires constitutionnelles; Barbara McDougall,
secrétaire d'État aux Affaires extérieures; Bernard Valcourt, ministre
de l'Emploi et de l'Immigration; et Pierre Cadieux, ancien solliciteur
général) et plusieurs hauts fonctionnaires, dont Norman Spector, chef de
cabinet du Premier ministre; Paul Tellier, greffier du Conseil privé; de Montigny
Marchand, sous-secrétaire d'État aux Affaires extérieures; Raymond
Chrétien, sous-secrétaire d'État associé aux Affaires extérieures, Arthur
Kroeger, sous-ministre de l'Emploi et de l'Immigration; et David Daubney,
chef de cabinet de Joe Clark, ont tous témoigné devant le Comité pour expliquer
leur rôle dans cette affaire et les circonstances entourant l'entrée
d'Al-Mashat au Canada. À partir des renseignements obtenus au cours de ses
nombreuses réunions et des questions posées à la Chambre à ce sujet, le Comité
a publié son rapport le 20 juin 1991. Les parties étant divisées quant aux
événements réels en cause, le Comité a présenté un rapport contenant les vues
minoritaires du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique, ainsi que
l'opinion de la majorité. Même si ses membres n'ont pas réussi à s'entendre sur
la séquence des événements ni sur la question de savoir à qui imputer la faute,
ils ont convenu que plusieurs mesures devaient être prises pour qu'un tel
incident ne se reproduise pas. Le Comité a entre autres recommandé ce qui
suit :
Que
le gouvernement examine et renforce le système de communication concernant les
questions délicates, tant à l'intérieur des ministères qu'entre les ministères,
afin d'éviter à l'avenir les manquements graves que dénote le traitement du
dossier Al-Mashat sur ce plan;
Que
le Comité permanent du travail, de l'emploi et de l'immigration de la Chambre
des communes examine la Loi et le Règlement sur l'immigration, ainsi que les
procédures de l'immigration, en vue de recommander des moyens d'éliminer à
l'avenir les méthodes manifestement inéquitables associées à l'admission de
M. Al-Mashat au Canada;
Compte
tenu de l'importance cruciale, pour le bon fonctionnement du gouvernement du
Canada, d'une notion de responsabilité ministérielle que tous comprennent de la
même façon et acceptent, le Comité a recommandé que le gouvernement nomme
immédiatement un groupe de travail de haut niveau composé de politiciens, de
fonctionnaires à la retraite ainsi que d'experts qui sera chargé de clarifier
la notion et de promouvoir un consensus à cet égard, dans l'intérêt de
relations de travail étroites et marquées au coin de la coopération entre les
ministres de la Couronne, leurs proches collaborateurs et les fonctionnaires.
Le gouvernement devrait aussi consulter les partis d'opposition avant de
désigner les membres du groupe et d'en définir le mandat.
Les
activités d'au moins un autre comité ont également retenu beaucoup l'attention
au cours de cette période, soit le Comité permanent de la santé et du bien-être
social, du troisième âge et de la condition féminine. Le 19 juin 1991, Barbara
Greene, présidente du Comité permanent et de son Sous-comité sur la
condition féminine, déposait en effet à la Chambre le premier rapport du comité
intitulé La guerre contre les femmes et demandait que le gouvernement y
réponde dans un délai de 90 jours. Le sous-comité recommandait dans son rapport
que le gouvernement mette sur pied une commission royale d'enquête pour
examiner la violence faite aux femmes; qu'il organise une campagne nationale multimédias
de sensibilisation au problème; que les forces policières soient tenues de
porter des accusations dans les cas d'allégation d'agression physique ou
sexuelle contre des femmes ou des enfants; que des programmes de traitement
soient mis sur pied à l'intention des hommes reconnus coupables d'avoir agressé
leur compagne; que les armes semi-automatiques soient classées parmi les armes
à autorisation restreinte; et que les tribunaux soient autorisés à rendre des
ordonnances d'interdiction d'accès au domicile familial contre les hommes
accusés d'avoir agressé leur compagne. Il était toutefois mentionné dans le
rapport présenté par le comité plénier à la Chambre, non pas que le comité
avait «adopté» (terme habituellement utilisé dans les rapports) le rapport que
lui avait présenté le sous-comité, mais plutôt qu'il l'avait «reçu». Les médias
ont fait grand cas des différends au sein du comité au sujet du rapport et du
fait que les membres du gouvernement ne l'avaient pas paraphé en comité
plénier. Peu après la présentation du rapport, le gouvernement a réitéré la
promesse faite dans le discours du Trône de créer un «comité d'hommes et de
femmes d'élite» chargé d'enquêter sur la violence faite aux femmes dans la
société.
Le
nouveau système des secteurs établi en vertu des modifications apportées au
Règlement en avril 1991 pour aider la Chambre à établir ses budgets, à arrêter
l'horaire des séances des comités, à leur allouer des salles, à mettre en
application des systèmes efficaces de substitution des membres et à gérer le
programme législatif a eu l'heur de déplaire à au moins un comité, le Comité
permanent des affaires autochtones, qui s'est retrouvé dans le secteur des
«Ressources humaines». À sa réunion du 4 juin 1991, le Comité a adopté la
motion suivante :
Que
le président du Comité permanent des affaires autochtones informe immédiatement
le Comité de la gestion de la Chambre du fait que ce comité s'oppose fermement
à être placé dans le secteur des Ressources humaines; et en outre, que le
président demande, au nom du comité, que le Comité permanent des affaires
autochtones soit placé dans un secteur intitulé «Affaires autochtones».
Le
Comité de la gestion de la Chambre a depuis été informé de la décision du
Comité des affaires autochtones, mais n'a pas encore fait connaître sa réponse.
Conformément
au nouveau calendrier parlementaire, la Chambre doit reprendre ses travaux le
16 septembre 1991.
Barbara Whittaker, Greffier à la procédure, Direction des
recherches pour le Bureau
Colombie-Britannique
La
cinquième session de la trente-quatrième législature, qui a débuté le 7 mai
1991, a vu la création de deux nouveaux comités permanents spéciaux, celui de
l'éthique et des conflits d'intérêt et celui des affaires constitutionnelles et
des relations intergouvernementales. Le jeudi 27 juin 1991, ce dernier comité a
été prié d'examiner l'état de la fédération canadienne et de procéder à de
larges consultations auprès des habitants de la Colombie-Britannique en vue de
connaître leurs opinions sur les aspirations et les intérêts sociaux et
économiques des habitants de la Colombie-Britannique et des autres Canadiens
ainsi que sur la forme de fédération la plus susceptible de répondre à ces
aspirations.
Composé
de quatorze membres, le comité avait pour président Bruce Strachan et
pour vice-président Colin Gabelmann, député de l'opposition. L'assemblée
lui avait donné jusqu'au 15 août 1991 pour déposer un rapport préliminaire.
Pendant la première série d'audiences publiques à Terrace, Prince George,
Cranbrook, Nanaimo, Vancouver et Kamloops, le Comité n'a pas pu mener les
réunions de la façon qu'il jugeait la plus utile. Il estimait qu'un mélange des
méthodes employées par le Forum des citoyens et les comités de l'Ontario et de
l'Alberta avait le plus de chances de susciter un vaste dialogue avec la
population de la province. Il a trouvé la réaction du public extrêmement
satisfaisante, surtout compte tenu du peu de temps qu'il avait pour préparer
son rapport préliminaire. Environ 1 000 personnes lui ont répondu soit en lui
téléphonant, soit en témoignant devant lui, soit en lui soumettant un mémoire.
Ces consultations ont permis de dégager neuf thèmes : le Québec et le Canada;
le fédéralisme et le partage des pouvoirs; les peuples autochtones; la Charte
des droits, la clause de dérogation et la procédure de modification; la
responsabilité fiscale; la langue et la culture; la femme dans la société
canadienne; le multiculturalisme; et la réforme parlementaire et les
institutions politiques.
Dans
son rapport préliminaire, le Comité a recommandé a) que tous les habitants de
la Colombie-Britannique aient l'occasion de participer au processus de réforme
constitutionnelle; b) qu'on mette au point des programmes novateurs de
sensibilisation et de participation pour assurer la communication entre le
Comité et la population; c) qu'un comité législatif multipartite soit chargé de
la réalisation de ces objectifs; d) que le travail administratif commencé par
le Comité se poursuive pendant la dissolution sous l'égide du bureau du
greffier des comités; e) que, une fois élue la trente-cinquième législature et
nommé le conseil des ministres, le lieutenant-gouverneur en conseil autorise la
création d'un comité multipartite qui soit investi d'un mandat semblable et
dont la composition assure la continuité des travaux.
Le
Comité a poursuivi son examen jusqu'à la dissolution de l'assemblée en vue des
élections provinciales.
Joan L. Molsberry, Secrétaire des comités
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