Arnold Tulsa
  
Du droit des secrétaires 
parlementaires provinciaux de poser des questions au cours de la période des 
questions orales, une décision du Président Arnold Tusa, Assemblée législative 
de la Saskatchewan, le 6 août 1987. 
Contexte : Le 30 
juillet, le député de Saskatoon Riversdale a invoque le règlement au sujet de 
l'admissibilité des questions posées par les secrétaires parlementaires 
provinciaux. Cette question a déjà été soulevée et discutée à la Chambre des 
communes et dans d'autres assemblées législatives. 
Décision du Président Arnold Tusa : Les 
questions orales sont un élément assez nouveau du processus parlementaire, 
surtout en Saskatchewan où la période limitée des questions n'existe, dans sa 
forme actuelle, que depuis 1975. Il ne faut donc pas s'étonner que cette Chambre 
ne dispose d'aucune règle précise ni d'aucun précédent dont puisse s'inspirer la 
présidence à cet égard. Cela dit, j'ai écouté avec intérêt les observations 
faites par divers députés sur le rappel au Règlement. Je les remercie de leur 
contribution. 
Avant d'aborder la question 
concernant les secrétaires parlementaires provinciaux, permettez-moi de tirer au 
clair celle plus vaste des droits des simples députés du parti ministériel 
relativement à la période des questions. En invoquant le Règlement, le député de 
Saskatoon Riversdale a fait remarquer que la période des questions n'était pas 
la tribune appropriée pour l'intervention de ces députés qui ont facilement 
accès aux membres du Cabinet, tant au cours des réunions de caucus qu'à d'autres 
occasions. Je tiens à préciser que les simples députés du parti ministériel 
peuvent comme leurs collègues des autres partis, poser des questions. Il s'agit 
du droit fondamental de tout député à être entendu, droit que viennent appuyer 
des précédents établis dans cette Chambre. Je prie les députés de se reporter 
pour cela à une décision de la présidence du 9 décembre 1975 qui dispose que 
tout député a le droit de poser des questions orales. Bien qu'en pratique, ce 
soient les membres de l'opposition qui posent le plus grand nombre de questions, 
il importe de se rappeler que les règles de la procédure parlementaire n'exigent 
pas, ni ne supposent, que tous les députés d'un parti partagent le même avis. En 
outre, il faut donner aux députés l'occasion de soulever à la Chambre des 
questions qui intéressent leurs électeurs. 
Permettez-moi maintenant de 
passer à la question de savoir s'il est bon que nos secrétaires parlementaires 
puissent poser des questions à la période réservée à cette fin. Depuis mai 1983, 
au moins huit questions ont été posées dans cette Assemblée par des secrétaires 
parlementaires au cours de la période de questions. Toutes, à l'exception d'une 
seule la semaine dernière, ont été admises et personne ne s'y est opposé. Aucune 
d'elles ne s'adressait au ministre dont relève le secrétaire parlementaire, si 
ce n'est la dernière, posée le 30 juillet 1987 par le député de 
Kelvington–Wadena et, dans ce cas, il faut remarquer que le député en question 
est le secrétaire parlementaire du premier ministre en sa qualité de Président 
du Conseil exécutif, alors qu'un autre député joue le rôle de secrétaire 
parlementaire du leader du gouvernement en sa qualité de ministre de 
l'Agriculture. 
Dans le rappel au Règlement et 
dans la discussion qui s'est ensuivie, on a fait allusion à la pratique établie 
à la Chambre des communes du Canada. Il serait donc utile de rappeler 
l'évolution de cette règle à la Chambre fédérale. 
Au début, les secrétaires 
parlementaires pouvaient poser des questions et répondre à celles qu'on leur 
adressait. Déjà, en 1973, le Président Lamoureux avait déclaré que les 
secrétaires parlementaires avaient le droit, tout comme les autres députés, de 
poser des questions, même s'il a exprimé des réserves sur la convenance de ce 
droit dans certaines situations. Malgré cette décision, on jugeait néanmoins 
maladroit qu'un secrétaire parlementaire pose des questions à son propre 
ministre. 
Le 5 novembre 1974, le Président 
Jerome déclarait que : « Ceux qui ont assumé la responsabilité de répondre au nom 
du gouvernement ne devraient pas utiliser le temps de la période des questions 
orales pour poser des questions au gouvernement ». (Débats de la Chambre des 
communes, 5 novembre 1974, p. 1060). Depuis lors, il semble de tradition qu'on 
interdise aux secrétaires parlementaires de poser des questions pendant la 
période réservée à cette fin. 
En Saskatchewan, le rôle des 
secrétaires parlementaires provinciaux, même s'il continue à évoluer, n'inclut 
pas, en pratique, celui de répondre à l'Assemblée législative au nom du ministre 
lorsque celui-ci est absent. Ainsi, la situation propre à la Chambre des 
communes où le secrétaire parlementaire peut poser des questions et répondre à 
celles qu'on lui adresse n'intervient pas ici. Il faut également faire une autre 
distinction entre un secrétaire parlementaire provincial et un ministre. Le 
premier ne rend des comptes à son ministre que pour les sujets relevant de la 
compétence de celui-ci, à la différence des ministres du cabinet. qui sont 
collectivement responsables du fonctionnement et des politiques générales dans 
son ensemble. 
Compte tenu de ces différences 
d'ordre pratique, il serait à mon avis inapproprié de suivre rigoureusement dans 
l'Assemblée la tradition de la Chambre des communes. En raison du rôle plus 
restreint des secrétaires parlementaires provinciaux de notre propre tradition 
et du fait que la période des questions est plus qu'une simple tribune pour 
obtenir des renseignements, j'estime qu'on ne peut, sinon rarement, autoriser 
nos secrétaires parlementaires à poser des questions au cours de la période des 
questions orales. Celles-ci ne devraient cependant être adressées qu'à des 
ministres autres que celui dont le député est le secrétaire. Les fonctions de 
ces secrétaires, et le lien spécial qui existe entre eux, leur ministre et leur 
ministère, rendent la période des questions tout à fait inappropriée à un 
interrogatoire de leur propre ministre. 
Bien que cette décision puisse 
convenir dans les circonstances, il se peut qu'on doive restreindre cette 
pratique à mesure qu'évoluera le rôle des secrétaires parlementaires 
provinciaux. 
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