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Adam McDonald
  
 
Le régime de gouvernement britannique est imprégné de tradition remontant
 à plus de mille ans. Bon nombre des processus observés de nos jours ont
 leur origine dans les combats historiques ou la réaction à des événements
 externes plutôt que dans une décision consciente de créer une institution.
 LOntario partage cette longue histoire parlementaire, mais, au cours des
 deux ou trois dernières décennies, la province a subi des changements radicaux.
 Ceux-ci ont, à leur tour, eu des effets sur le fonctionnement et la culture
 politique de lAssemblée législative. Lauteur de larticle traite des
 changements survenus au Parlement de lOntario depuis 1985 et des réactions
 à ces changements. Il propose aussi des façons daméliorer le travail du
 corps législatif. 
 
Après la Révolution américaine, les Loyalistes de lEmpire-Uni ont fui
 vers la colonie britannique du Canada. Ils ont apporté avec eux les idées
 sur le gouvernement représentatif anglais et instauré un gouvernement colonial
 semblable à celui du gouvernement de Londres. Le gouvernement du Haut-Canada
 (maintenant lOntario) était constitué dun gouverneur, dun conseil législatif
 nommé et dune assemblée législative élue. Le Conseil législatif et le
 gouverneur (guidé par un conseil appelé Pacte de famille) détenaient la
 plus grande partie du pouvoir politique. En fait, ce sont les excès du
 Pacte de famille qui ont mené à la Rébellion de 1837 et à linstauration
 du gouvernement responsable. 
 
Les dispositions du gouvernement responsable obligent lexécutif (le premier
 ministre et son cabinet) à rendre des comptes à lAssemblée législative
 élue. Ils devaient gouverner dans le cadre de lAssemblée et avec sa permission.
 Pour le Haut-Canada, ce fut un moment décisif. Pour la première fois, lAssemblée
 législative avait le droit légitime dobliger le gouvernement à rendre
 des comptes et à diriger les affaires de la colonie de manière efficace.
 
 
Le gouvernement responsable signifie également que le Parlement possède
 quatre fonctions principales. 
 
- 
Former un gouvernement; 
 
- 
Financer le gouvernement; 
 
- 
Avoir un gouvernement en attente; 
 
- 
Obliger le gouvernement à rendre des comptes. 
 
 
Ce sont ces tâches  accomplies dans un cadre parlementaire  qui nécessitent
 des règles pour gouverner les processus de la Chambre. Les règles se trouvent
 principalement dans le Règlement de lAssemblée législative. 
 
Pendant de nombreuses années, la politique ontarienne a eu la réputation
 dêtre « ennuyeuse », principalement en raison des 42 ans de pouvoir des
 conservateurs à compter de 1943. Cependant, en 1985, la coalition libérale
 et néo-démocrate a renversé ce gouvernement et instauré des changements
 de procédure et de comportement qui ont valu aux députés une réputation
 de personnes turbulentes et bruyantes. 
 
Le Parlement sans majorité de 1985 
 
Les élections nont jamais été aussi peu déterminantes que celles de lOntario
 en 1985. Le gouvernement progressiste-conservateur de Frank Miller a remporté
 de justesse 52 des 125 sièges que comptait alors lAssemblée législative.
 Le Parti libéral, dirigé par David Peterson, a obtenu 48 sièges, tandis
 que le Nouveau Parti démocratique de Bob Rae a remporté 25 sièges. Les
 Conservateurs venaient juste de voir leur chef bien-aimé  Bill Davis 
 prendre sa retraite au sommet de sa popularité. Ils avaient gouverné la
 province pendant plus de 42 ans et croyaient, comme Bob Rae  et bien dautres
  lont dit, que le gouvernement était leur « de droit divin1 ». Ce gouvernement
 minoritaire était, au mieux, un choc pour le parti.  
 
Toutefois, lopposition navait pas vraiment gagné lélection. Ils se trouvaient
 dans la même situation quen 1975 et 1977; ils pouvaient renverser le gouvernement
 ou permettre aux conservateurs de continuer à gouverner. Mais, contrairement
 aux gouvernements minoritaires de Davis, celui de Miller avait perdu le
 vote populaire et ne conservait le pouvoir que de justesse. Il nest pas
 difficile de comprendre pourquoi les deux partis de lopposition sont arrivés
 à sentendre2. Au début de juillet, les partis ont changé de côté en Chambre.
 Les libéraux ont occupé les sièges du gouvernement et les conservateurs
 ont rejoint le NPD dans lopposition.  
 
Ces faits sont, en réalité, moins importants quils le semblent au premier
 abord. Les gouvernements minoritaires sont notoirement instables et lentente
 entre les libéraux et les néo-démocrates navait quune validité de deux
 ans. Plus important toutefois est le changement culturel qui sest produit
 au nouveau Parlement au cours de ces deux premières années. Les entrevues
 avec Norm Sterling, député progressiste-conservateur qui a siégé le plus
 longtemps, indiquent que la nature du parlement sans majorité a fait en
 sorte que le gouvernement ne pouvait pas simplement « foncer » avec ses projets.
 Effectivement, le gouvernement minoritaire de Peterson a dû négocier avec
 les partis dopposition pour modifier le Règlement de lAssemblée législative3.  
 
Bon nombre des changements ont été de nature administrative, mais il y
 a eu des réformes considérables dans la manière de conduire les travaux
 de la Chambre, notamment : 
 
- 
la fin des séances en soirée; 
 
- 
la réservation dune plage horaire aux mesures dinitiative parlementaire,
 le jeudi matin; 
 
- 
les réponses aux déclarations ministérielles; 
 
- 
les déclarations des députés; 
 
- 
lordre des questions orales4.  
 
 
Ces changements constituaient laboutissement de concessions mutuelles
 des partis, mais ils ont été plus avantageux pour lopposition que pour
 le gouvernement. Soudainement, les simples députés ont eu du temps réservé
 spécialement pour étudier les projets de loi dinitiative parlementaire.
 Ils pouvaient aussi prendre 90 secondes pour aborder une question de leur
 choix au cours dune période de dix minutes appelée « Déclarations des députés ».
 Comme la dit le président la première fois que cette mesure a été appliquée :
 
 
Les déclarations des députés donnent à un simple député, autre que le chef
 de parti ou un ministre, une occasion de faire une déclaration dau plus
 90 secondes au cours dune période de 10 minutes réservée à cette fin.
 Ces délais seront strictement respectés afin que tous les députés aient
 la possibilité de participer. 
 
Par le passé, des députés ont soulevé à différentes occasions ce que jappellerais
 des rappels au Règlement ou des questions de privilège personnel fictifs.
 Jespère que cette mesure remédiera à la situation. Ce sera mon devoir
 de rappeler à lordre les députés, car, en retour, ils auront la possibilité
 de sexprimer durant la période consacrée aux déclarations des députés5.  
 
Les deux autres changements importants au Règlement ont aussi modifié la
 manière dont les députés mènent les travaux de la chambre. Le premier concerne
 les « réponses aux déclarations ministérielles ». La nouvelle procédure alloue
 à chaque parti dopposition cinq minutes pour répondre à une déclaration
 politique (quelle quelle soit) que le gouvernement a faite un jour donné.
 Elle permet aux partis dopposition de répondre en dehors du débat sur
 les initiatives du gouvernement. 
 
La dernière modification constitue un important changement de la tradition
 parlementaire. Lune des tâches du président consistait à choisir les députés
 qui prendraient la parole. Ce faisant, le président utilisait son pouvoir
 discrétionnaire quant à lordre des questions et au nombre de questions
 supplémentaires que pouvait poser chaque député. Bien que, traditionnellement,
 le chef de lopposition pose les premières questions, cest le président
 qui décidait au bout du compte. 
 
Le nouveau Règlement se lit comme suit : 
 
En exerçant son pouvoir discrétionnaire en application de lalinéa 27(d)
 du Règlement pour autoriser des questions supplémentaires, la Chambre recommande
 que le président autorise les questions supplémentaires comme suit : 
 
- 
Opposition officielle  une question et deux questions supplémentaires;
 
 
- 
Opposition officielle  une question et deux questions supplémentaires; 
 
- 
Tiers parti  une question et deux questions supplémentaires; 
 
- 
Tiers parti  une question et deux questions supplémentaires; 
 
- 
Toutes les autres questions  une question et une question supplémentaire6.
  
 
 
Bien que le président se réserve le droit de déterminer lordre dans lequel
 les députés prendront la parole et le nombre de questions supplémentaires,
 la Chambre a manifesté le désir davoir un certain ordre dans ses délibérations
 en proposant cet ajout au Règlement. 
 
Lété magique, formidable de 1987 
 
Lorsque David Peterson a conclu un accord avec Bob Rae, il savait quil
 avait deux ans pour montrer aux Ontariens ce quil pouvait faire et quel
 genre de premier ministre il serait. À lexpiration de laccord en 1987,
 Peterson a déclenché des élections et remporté 95 des 130 sièges. Il est
 permis de croire que cest durant cette période quont eu lieu les changements
 les plus importants au Règlement de lAssemblée législative. Les élections
 de 1987 marquent le début dun processus par lequel les parlementaires
 des années conservatrices ont quitté lAssemblée législative pour être
 remplacés par des députés nouvellement élus. Aux élections de 1987, Peterson
 a obtenu une majorité énorme et bon nombre des députés étaient élus pour
 la première fois; les élections de 1990 ont décimé les libéraux, amenant
 au pouvoir le NPD, qui navait jamais formé de gouvernement; en 1995, les
 conservateurs de Harris ont pris le pouvoir avec leur propre contingent
 de nouveaux députés. Dans chaque cas, de nombreux députés navaient aucun
 sens des traditions dun parlement stable et peu de connaissances des rouages
 du Parlement. 
 
Bien que les élections de 1987 naient pas marqué le début de la série
 de changements apportés au Règlement, il sagissait de la première législature
 au cours de laquelle un nombre imposant de nouveaux élus remplaçait un
 si grand nombre de députés aux longs états de service. Avec un gouvernement
 majoritaire, les libéraux de Peterson disposaient dune marge de manuvre
 plus grande pour agir à leur guise. Cest ce qui a, par ailleurs, amené
 les partis dopposition à adopter une attitude plus perturbatrice quils
 ne lavaient fait antérieurement. En mai 1989, les choses ont atteint le
 point critique. Peter Kormos, député de WellandThorold à cette époque,
 a soulevé une question de privilège personnel. Il a accusé le premier ministre
 de mentir à la Chambre, ce qui est considéré comme du langage non parlementaire.
 M. Kormos a refusé de retirer ses paroles et le président la désigné par
 son nom. 
 
Le Règlement actuel ne permet pas aux députés de contester une décision
 du président. Toutefois, en 1989, les députés pouvaient contester une décision
 et la Chambre pouvait voter pour accepter ou rejeter la décision du président.
 Le leader parlementaire du NPD la justement fait le 29 mai 1989. Le président
 a fait venir les députés pour voter à 16 h 43. 
 
Le vote à lAssemblée législative de lOntario a changé de manière extraordinaire
 au fil des ans. Le Règlement précise actuellement le temps pendant lequel
 les cloches doivent sonner pour la plupart des votes en Chambre. Cela na
 pas toujours été le cas. Les whips des partis avaient lhabitude dentrer
 ensemble dans la Chambre pour indiquer que les députés étaient rassemblés
 et prêts à voter. Dans le cas présent, le whip de lopposition a refusé
 de se montrer et les cloches ont continué à sonner. À 18 h 32, le 1er juin,
 le président a suspendu la séance et a ordonné que « les cloches soient
 présumées avoir sonné jusquà la reprise de la séance à 9 h, le vendredi
 2 juin 1989 ». Il a répété cet ordre jusquau jeudi 6 juin. Avec ces tactiques,
 lopposition a réussi à perturber les travaux de la Chambre pendant toute
 une semaine.  
 
Deux jours plus tard, le leader parlementaire du gouvernement a annoncé
 des modifications au Règlement, sujet qui a causé une consternation considérable
 parmi les partis dopposition. Dave Cooke, leader parlementaire du NPD,
 a commenté les modifications : 
 
Nous avons suivi un processus de 1985 à 1987. Vous souvenez-vous de cette
 période? Aucun mur, aucun obstacle, une nouvelle ère en Ontario? Nous avons
 négocié. Le Comité permanent de lAssemblée législative se penchait sur
 les règles en vigueur et formulait des recommandations. 
 
Après les élections provinciales de 1987, quand ces gars ont obtenu leur
 majorité et adopté lattitude arrogante quils manifestent ici aujourdhui,
 nous nous sommes assis avec le leader parlementaire du gouvernement  le
 Parti conservateur la fait; mon parti la fait  et nous avons dit : « Nous
 accepterons les recommandations globales du Comité de lAssemblée législative »,
 y compris les réformes de toutes les règles. Le représentant du leader
 parlementaire du gouvernement, le whip en chef du gouvernement, a négocié
 cela avec mon whip, le député dOshawa (M. Breaugh), notre représentant
 et le député de Carleton. Nous avions un accord global. 
 
Ils lont présenté à leur caucus et leur caucus a rejeté laccord global.
 Détenant la majorité à ce moment-là, ils ont dit : « Lopposition peut aller
 se faire voir. Nous arriverons à appliquer les règles en les imposant »7.  
 
Sean Conway, leader parlementaire du gouvernement, a répondu aux commentaires
 de lopposition sur ses changements au Règlement en disant que le gouvernement
 poursuivrait ses travaux sans lobstruction continuelle de lopposition :
 
 
Je dois dire, au nom de 94 députés, que nous avons été témoins depuis des
 semaines et des mois dun type dobstruction qui na rien à voir avec lopposition.
 Il sagit dune paralysie des travaux du Parlement. Ce gouvernement croit
 avoir la responsabilité de veiller à ce que le Parlement fonctionne, quil
 ne soit pas détourné, quil ne soit pas paralysé [
] 
 
Je trouve étrange que les gens qui parlent de lopposition sengagent néanmoins
 dans des contestations frivoles et dépassant parfois les bornes de vos
 décisions, font sonner les cloches à la première lecture, sen vont et
 refusent de venir ici et de sengager dans les affaires publiques et lisent
 des pétitions interminables afin de ne pas poursuivre les travaux de cette
 chambre, une chambre dont les frais quotidiens de fonctionnement sélèvent
 à 130 000 $. 
 
Nous sommes ici pour faire un travail important. Nous nous attendons à
 avoir une opposition vigoureuse. Les changements apportés au Règlement
 donneront à lopposition une gamme de nouvelles possibilités, mais nous
 ne tolérerons pas que les cloches sonnent indéfiniment8.  
 
Il semble que la réaction de M. Conway à lopposition soit la réaction
 typique des gouvernements qui veulent faire avancer les travaux. Ils sont
 en droit de sattendre à une certaine collaboration de la part de lopposition,
 ce qui explique que les changements au Règlement nétaient pas nécessaires
 jusquen 1989. En deux mots, lopposition a cessé de travailler avec le
 gouvernement et est devenue un obstacle pour lui. 
 
Les changements instaurés par les libéraux ont influé sur le fonctionnement
 de la Chambre de plusieurs manières, notamment : 
 
- 
en limitant les sonneries dappel pour un vote par appel nominal; 
 
- 
en permettant au whip en chef dun parti reconnu de différer un vote jusquau
 prochain jour de séance; 
 
- 
en créant les journées de lopposition9.  
 
 
M. Conway a remarqué que lopposition sétait engagée dans une attaque
 contre le gouvernement qui était plus vigoureuse que ce qui était justifié.
 Il a admis son rôle dans la constitution de ce quil a appelé une « opposition
 vigoureuse », mais il a ajouté que « ce que nous avons vu ici du printemps
 1988 à la fin du printemps 1989 était sans précédent, pour ce qui est des
 traditions, des coutumes et des pratiques de cette assemblée législative »10.  
 
Les changements apportés par M. Conway constituent le fondement du Règlement
 actuel en Ontario. Ils sont conçus pour que les travaux de la Chambre soient
 plus efficaces et représentent une réaction aux tactiques de lopposition.
 Le débat en soi a été étonnamment civilisé. Tous les partis ont convenu
 quil fallait modifier le Règlement. Bien que les députés naient pas tous
 été daccord avec le contenu des modifications, ils ont semblé bien les
 accueillir. 
 
Un tournant décisif en 1990 
 
En 1990, les Ontariens ont été stupéfiés dapprendre que Bob Rae avait
 défait David Peterson pour devenir premier ministre de lOntario. Peterson
 sest présenté aux élections avec une avance respectable, mais la perdue
 au cours de la campagne. Les raisons de cette perte ont été documentées
 en détail ailleurs. Limportant, cest de se rappeler que le parti de Rae
 a remporté 74 des 130 sièges, que les progressistes-conservateurs (sous
 la direction du nouveau chef Mike Harris) ont augmenté leur nombre de sièges
 à 20 et que les libéraux ont perdu 59 des 95 sièges quils détenaient,
 y compris celui de David Peterson. 
 
Cest à ce moment que les processus et les procédures prévues dans le Règlement
 de lAssemblée législative de lOntario sont devenues beaucoup plus importantes.
 Mike Harris a été élu chef de son parti juste avant les élections de 1990.
 Lui et Bob Rae avaient des points de vue diamétralement opposés sur le
 rôle du gouvernement en Ontario. Lopposition de Harris aux politiques
 du premier ministre a abouti à un certain nombre de tactiques destinées
 à retarder ladoption de mesures législatives gouvernementales. 
 
La plus célèbre tactique de paralysie est peut-être celle du jour où M.
 Harris a lu la totalité des noms de lac, de rivière et de ruisseau de la
 province. Le 6 mai 1991, les conservateurs ont mis en branle leur plan
 dopposition au NPD. Cela a commencé durant les Déclarations des députés,
 quand le député conservateur Norm Sterling a déclaré : 
 
Les membres de notre caucus, à titre de représentants de nombreux Ontariens,
 sont en colère. Nous sommes en colère et frustrés en raison du budget atroce
 qui a été présenté par le gouvernement néo-démocrate il y a une semaine.
 La colère ne sest pas atténuée au fil des jours, depuis une semaine. En
 réalité, elle sest intensifiée en écoutant et en observant la population
 ontarienne réagir à ce budget. Si les députés du NPD sétaient mis eux-mêmes
 à la disposition du public au cours du week-end, je suis sûr quils auraient
 capté ce message. 
 
Les membres de notre caucus croient que le gouvernement se sert des procédures
 habituelles de cette chambre, notamment les déclarations ministérielles,
 pour faire dévier la tension occasionnée par ce budget affreux, quil prononce
 des déclarations ministérielles inutilement longues et quil tente de faire
 passer ses projets pour des bonnes nouvelles afin de détourner lattention
 des députés de cette chambre et du grand public11.  
 
M. Sterling a poursuivi ses tentatives et retardé le gouvernement en soulevant
 des rappels au Règlement avant les questions orales. Cest après les questions
 orales, cependant, que Mike Harris sest levé pour présenter un projet
 de loi, dont le titre contenait le nom de chaque plan deau ontarien. M.
 Harris a commencé un peu avant 16 h ce jour-là et la longueur du titre
 du projet de loi (en plus des interjections des députés frustrés et la
 répétition du titre par le président et le greffier, comme lexige le Règlement)
 ont mené la Chambre à la fin de la séance. 
 
Ce nest pas la seule fois où M. Harris a tenté de retarder les travaux
 de la Chambre de cette manière. De manière générale, ses tactiques concernaient
 lutilisation du temps à lAssemblée législative. La présentation de projets
 de loi, par exemple, durait le temps quil fallait au député, au président
 et au greffier pour lire le titre du projet de loi en anglais et en français.
 Comme le président a pris une décision chaque fois quune plainte a été
 déposée, le Règlement est devenu très clair au sujet de la présentation
 des projets de loi. 
 
Lattaque progressiste-conservatrice contre le gouvernement néo-démocrate
 était prévisible. Le régime parlementaire suppose que le gouvernement parviendra
 à ses fins, mais les partis dopposition ont le droit de critiquer et de
 retarder lavancement des travaux. Lun des problèmes que posent ces tactiques
 dobstruction, toutefois, cest le changement en ce qui a trait à la courtoisie.
 Le Parlement devrait se fonder sur la négociation et lentente, mais le
 gouvernement devrait être en mesure de poursuivre ses travaux après que
 lopposition a disposé dassez de temps pour présenter ses objections. 
 
Les tactiques de lopposition dirigées par M. Harris ont changé la culture
 à Queens Park. La courtoisie a fait place à la concurrence directe. Lopposition
 est passée du bien-fondé des projets de loi à lattaque des projets de
 loi et à lobstruction pure et simple. Ce nétait toutefois quun signe
 précurseur de ce qui allait se produire.  
En réaction, le NPD a apporté dautres changements au Règlement. Le 8 juin
 1992, le député Jim Bradley a invoqué le Règlement à propos des modifications
 proposées par le NPD. M. Bradley et le député Ernie Eves ont critiqué la
 méthode utilisée par le gouvernement pour apporter des changements au Règlement.
 M. Eves est même allé plus loin, en la qualifiant de « méthode de la Gestapo12 ».  
 
Le Nouveau Parti démocratique a apporté au Règlement certains des changements
 les plus restrictifs. La modification la plus radicale concerne les limites
 de temps. Le nouveau Règlement limite la longueur des discours lors des
 débats; il limite le temps disponible pour la présentation des projets
 de loi; il prévoit des mesures dattribution du temps pour les projets
 de loi. Essentiellement, ces changements ont éliminé la possibilité que
 les partis dopposition prennent le contrôle de lAssemblée législative
 au moyen dastuces de procédure durant les deux premières années du gouvernement
 du NPD. 
 
Le gouvernement Harris 
 
Affirmer que Mike Harris a redéfini les politiques de lOntario, cest
 le moins quon puisse dire. Ses six années comme premier ministre ont été
 les plus controversées dans lhistoire de lOntario. Il nest donc pas
 étonnant que les partis dopposition se soient efforcés de perturber le
 programme du gouvernement autant que possible. Cependant, M. Harris avait
 dautres idées en tête. Il voulait sassurer que les tactiques quil avait
 employées avec tant de succès ne soient pas appliquées pour interrompre
 son programme. Il a donc modifié les règles du jeu. 
 
Le 2 juin 1997, le gouvernement a lancé un examen du Règlement de lAssemblée
 législative. Prétendument, il sagissait dune initiative prise par un
 simple député, John Baird, représentant de Nepean, bien que lopposition
 ait exprimé une certaine incrédulité. Le député libéral Jim Bradley sest
 demandé comment « un ensemble de propositions venant dune personne de 27
 ans qui essayait de plaire au premier ministre pour des considérations
 futures » avait pu retenir lattention du gouvernement aussi rapidement.
 Frances Lankin, député de Beaches-Woodbine, a déclaré : 
 
Vous pensiez quil y avait trop de débats sur la mégaville. Vous croyiez
 quil y avait trop de débats sur votre refonte de léducation. Vous pensiez
 quil y avait trop de débats sur la création dune commission de restructuration
 des hôpitaux. Vous êtes las dentendre les gens qui ne sont pas daccord
 avec vous et nous commençons à en avoir lhabitude avec ce gouvernement.
 Monsieur le Ministre, je vous lai déjà signalé, les leaders parlementaires
 du gouvernement ont, par le passé, déposé des changements au Règlement
 devant cette chambre ou les ont proposés au gouvernement ou aux réunions
 des leaders parlementaires, ou aux deux, et il y a eu un processus de négociation.
 Pourquoi changez-vous le processus maintenant? Pourquoi vous en déchargez-vous,
 laissez-vous quelquun dautre faire votre basse besogne et insistez-vous
 pour que les députés réagissent dans un délai de 48 heures13?  
 
Cette déclaration faisait suite à un certain nombre de crises survenues
 au cours de la mise en uvre de la révolution du bon sens. Lune des plus
 célèbres fut lénorme quantité damendements proposés au projet de loi
 sur la cité de Toronto, en 1996. Les partis de lopposition, mécontents
 de la position du gouvernement sur la fusion de Toronto, ont présenté 12 000
 amendements en comité plénier. La Chambre a dû siéger 24 heures sur 24
 pour les entendre toutes. 
 
Pendant la période de questions, les partis dopposition sont tombés à
 bras raccourcis sur le gouvernement au sujet des changements au Règlement,
 lesquels ont été déposés en secret, prétendent-ils. Le premier ministre
 en fonction, Mike Harris, a répondu aux critiques : 
 
Dans mes souvenirs récents des changements au Règlement sur lesquels on
 sest penché  les niaiseries par opposition aux travaux de la Chambre,
 comme la dit un journaliste, il me semble , jamais, je crois, depuis
 que je suis ici, nous navons vu un ministre ne faisant pas partie du Cabinet
 élaborer, en consultant les députés darrière-ban, une proposition de discussion
 avant quil ny ait eu un dépôt. 
 
Je vous affirme une fois de plus quil nous fait plaisir découter. Nous
 sommes prêts à vous rencontrer. Je pense que le député de Nepean a offert
 de rencontrer les deux leaders parlementaires. Daprès votre réaction,
 jai limpression que vous nêtes pas entièrement en faveur de tous les
 changements, mais, peut-être quaprès les avoir lus et y avoir réfléchi,
 si vous croyez quil faut en modifier certains et si vous avez des suggestions
 à formuler, nous serons heureux de vous écouter. Je peux vous dire que
 le député dElgin a soumis des propositions aujourdhui même au député.
 Nous sommes heureux découter les simples députés aussi, si la direction
 nest pas intéressée à participer14.  
 
Les changements apportés au Règlement de lAssemblée législative lont
 été au nom de lefficacité. Ils ont été conçus pour garantir que le gouvernement
 pourrait poursuivre ses travaux, lesquels sont, comme nous lavons déjà
 vu, le but du Parlement. 
 
La nature combative des parlements de 1990 et 1995 a suscité une diminution
 des travaux accomplis et des épisodes fertiles en stratagèmes de lopposition.
 
 
Les changements de 1997 ont sans doute ramené le Parlement à sa conception
 initiale en permettant au gouvernement de réaliser son programme efficacement.
 On peut également soutenir, cependant, quils ont limité les débats au
 nom dune approche empreinte de sérieux. Largument que choisit un député
 se fonde principalement sur le côté de la Chambre où il siège. 
 
Abandonner le Règlement de lAssemblée législative et repartir à zéro? 
 
Au fur et à mesure de lexamen de chaque changement au Règlement par la
 Chambre, il est devenu plus acceptable de modifier le document pour ladapter
 aux besoins du gouvernement en place. «  Une fois un changement effectué,
 une fois des modifications à la procédure réalisées, aucun gouvernement
 futur ne les changera pour faciliter la tâche de lopposition. Cest pourquoi
 il est si important de défaire, déliminer ces changements maintenant,
 car les gouvernements aiment ce qui leur convient »15. Cest tout à fait
 vrai. Les gouvernements veulent que les travaux se poursuivent et aiment
 lefficacité que leur assure le Règlement.  
 
Les changements apportés au Règlement au cours des 20 dernières années
 ont fourni une structure de débat qui manquait. Néanmoins, cette observation
 nest pas toujours heureuse. Lun des premiers problèmes, cest que tout
 est minuté. Les déclarations des députés, les pétitions et la présentation
 des projets de loi occupent une période de temps prévue chaque jour. Les
 trois parties des Affaires courantes sont maintenant utilisées dans la
 mesure du possible, notamment quand les députés veulent retarder lavancement
 de lordre du jour. Les députés provinciaux utilisent autant de temps que
 le permet le Règlement, de sorte que le gouvernement en a moins pour faire
 avancer ses travaux. Bien que ces retards tactiques soient moins efficaces
 quils lont déjà été, ils peuvent aider les partis dopposition à ralentir
 un peu les travaux. 
 
Lun des pires résultats du minutage de chaque partie de la journée en
 Chambre est perceptible durant les débats. Les députés avaient lhabitude
 de parler aussi longtemps quils pouvaient garder la parole. Bien que cela
 ait périodiquement résulté en obstruction systématique  Peter Kormos a
 déjà effectué une obstruction systématique de 17 heures  cela a souvent
 permis aux députés de formuler leurs remarques en moins de temps quils
 nen prennent maintenant. Au contraire, lapplication du minutage aux discours
 a abouti à lutilisation de toute la période disponible, que les propos
 tenus soient constructifs ou non. 
 
Tous ces changements au Règlement semblent avoir rendu la Chambre beaucoup
 moins pertinente quelle ne létait il y a 20 ans. Deux députés de longue
 date, élus tous les deux en 1977, soulignent un certain nombre des défauts
 de la Chambre au XXIe siècle. Jim Bradley et Norm Sterling ont servi dans
 le gouvernement et dans lopposition et ont, tous les deux, exprimé des
 points de vue intéressants sur les travaux de la Chambre aujourdhui.  
 
Les deux ont commenté lutilisation de la télévision à la Chambre. Bien
 quon puisse certainement soutenir, à linstar de M. Sterling, que la télévision
 est un prolongement utile de la démocratie, dautres croient quelle rend
 la Chambre beaucoup moins pertinente. Les raisons sont évidentes : pourquoi
 viendrait-on au Parlement pour écouter les débats sil suffit, pour le
 faire, dappuyer sur la touche dune télécommande? 
 
Chose certaine, la télévision permet effectivement aux citoyens de voir
 leurs élus au travail, mais il est également vrai que cela encourage un
 comportement hargneux en Chambre. MM. Sterling et Bradley ont commenté
 les changements concernant la période de questions et les débats. Ils ont
 affirmé que les députés provinciaux sont maintenant plus intéressés à la
 petite phrase percutante ou à la notoriété que procure une opération sensationnelle
 réussie à la télévision à la Chambre. Sans la télévision, les coups de
 publicité auraient moins dimportance et les échanges en Chambre pourraient
 être plus courtois. 
 
En général, cependant, les commentaires sur les changements apportés au
 Règlement sont négatifs pour la plupart. Les députés provinciaux ont toutefois
 présenté des suggestions pour modifier la conduite des travaux de la Chambre.
 Les changements que feraient les députés ne nécessitent pas tous des modifications
 au Règlement, mais ils sont constructifs et méritent néanmoins quon y
 réfléchisse : 
 
- 
Apprendre, pour les gouvernements, à partager le pouvoir à la Chambre avec
 lopposition. 
 
- 
Exiger le consentement unanime sur un moins grand nombre de points, afin
 quun député ne puisse pas saborder les souhaits des autres. 
 
- 
Réviser le Règlement afin denlever les références aux partis. 
 
- 
Accroître lautorité du président. 
 
- 
Réduire le temps alloué aux questions orales à 45 minutes. 
 
- 
Laisser le président décider sil y a lieu de permettre des questions supplémentaires.
 
 
- 
Accroître le pouvoir des comités de se rencontrer et de créer et de modifier
 les lois. 
 
- 
Exiger une période de questions pour chaque séance de la Chambre. 
 
- 
Sassurer que la Chambre siège pendant toute la durée prévue et que la
 session ne prend pas fin prématurément. 
 
- 
Donner des occasions de prendre la parole et de poser des questions en
 fonction du nombre de sièges détenu par un parti. 
 
- 
Faire en sorte que les députés darrière-ban du gouvernement posent moins
 de questions partisanes. 
 
- 
Donner plus doccasions de traiter des véritables affaires émanent des
 députés. 
 
 
À la lumière de ces commentaires, on peut se demander sil ne serait pas
 préférable dabandonner complètement le Règlement et den rédiger un nouveau.
 Cette idée nest pas aussi radicale quelle le semble. Le Règlement a été
 modifié par rafistolage. À mesure que les partis dopposition ont pris
 le pouvoir, ils ont veillé à ce que les tactiques quils avaient employées
 ne puissent être utilisées contre eux. Les trois partis devraient peut-être
 sasseoir et déterminer exactement ce qui est nécessaire pour faire fonctionner
 le Parlement. Une fois la structure de base mise en place, les partis peuvent
 ajouter ou supprimer les règles quils veulent pour sassurer que a) le
 gouvernement peut poursuivre ses travaux et b) que lopposition peut exprimer
 son point de vue dans le débat sur les questions de lheure.  
Lune des choses les plus fréquemment entendues par les stagiaires de 2004-2005
 au cours de la période dorientation, cest que le gouvernement libéral
 essayait de changer le ton du débat et de ramener les choses « à ce quelles
 étaient avant ». Les gouvernements doivent sarrêter et penser à la manière
 dont le Parlement doit fonctionner. En tenant compte du rôle que doivent
 jouer chaque parti et chaque député à lAssemblée législative de lOntario,
 les représentants élus peuvent vraiment mieux faire fonctionner le Parlement.
 
 
Il est tout a fait possible que nous constations des changements importants
 au cours de la durée de la présente législature. Il faut cependant sinterroger
 sur ce qui doit arriver en premier : les changements au Règlement ou un
 retour à plus de courtoisie à la Chambre? Lun ne suit pas nécessairement
 lautre, mais la probabilité que lun se produise augmente quand lautre
 survient. Si, par exemple, le gouvernement propose des changements au Règlement
 de lAssemblée législative, il est relativement plus probable que lopposition
  en disposant de plus de possibilités de retarder la procédure et de débattre
 les lois  utilisera moins de tactiques dilatoires. Il se peut également
 que lopposition continue à utiliser les règles à son seul avantage et
 quelle profite du changement de culture au gouvernement. 
 
Inversement, lopposition pourrait devenir plus conciliante, ce qui ouvrirait
 la voie à la modification du Règlement de lAssemblée législative par le
 gouvernement. Celui-ci, en retour, pourrait adopter à toute vitesse ses
 lois sans tenir compte de laide que lopposition est prête à apporter.
 Il ne sagit certainement pas dune question facile à résoudre et les deux
 côtés devront faire preuve de bonne volonté. 
 
Le gouvernement libéral élu en 2003 semble disposé à aller de lavant et
 à procéder aux changements nécessaires ou, à tout le moins, à permettre
 un changement de culture en Chambre. Lélection de John Tory, chef progressiste-conservateur,
 a aussi changé la manière dont lopposition conduit ses affaires. Il y
 a, par exemple, moins de chahut de la part du parti dopposition et les
 leaders parlementaires semblent davantage capables de négocier. Lavenir
 nous dira si cette tendance se maintiendra. Il sera aussi intéressant de
 découvrir si M. Tory conservera sa position sur le comportement et la tradition
 parlementaires, si les conservateurs reprennent le pouvoir en Ontario.
 
 
Bien sûr, une refonte complète du Règlement nécessiterait beaucoup de détermination
 et de bonne volonté de la part des trois partis. Il faudrait réfléchir
 sur le but du Parlement et le rôle joué par les députés de tous les partis.
 Il faudrait aussi que les députés sengagent à se préoccuper davantage
 de linstitution du Parlement et moins de la possibilité de faire les manchettes
 dans les journaux télévisés. 
 
Les députés interrogés ont tous souligné la difficulté inhérente au fait
 de demander aux représentants élus de disparaître des actualités. Une partie
 de la vie politique consiste à sassurer que le politicien peut être réélu.
 Lun des seuls moyens de le faire est dattirer lattention des médias.
 
 
Les députés provinciaux nont pas pu répondre à la question de savoir si
 leurs responsabilités comme représentants élus sont compatibles avec le
 besoin de se présenter aux élections. Pour les spécialistes des questions
 et de la procédure parlementaires, la réponse semble être « oui ». Après
 tout, linstitution du Parlement impose un certain respect et exige une
 perspective particulière. 
 
Il ne sagit pas dinsinuer que les députés ne respectent pas les institutions
 parlementaires. Loin de là; bon nombre, sinon la totalité, des députés
 du Parlement ontarien ont le plus profond respect pour la manière dont
 celui-ci fonctionne. Mais leurs responsabilités en tant que représentants
 élus doivent rester primordiales. 
 
Les changements apportés au Règlement depuis 20 à 25 ans ont modifié le
 fonctionnement du Parlement provincial de lOntario. Ils ne sont pas irrévocables,
 mais ils nécessitent une transformation dans lopinion des députés et du
 public au sujet de lAssemblée législative de la province. Si ce changement
 se produit, le Parlement pourra redevenir ce que les députés appellent
 un lieu « plus civilisé ». Il peut aussi susciter un retour à la manière
 de fonctionner pour laquelle le Parlement est conçu sans sacrifier la fonction
 représentative des députés. 
 
Notes 
 
1. Ontario, Journal des débats (Hansard), le 7 juin 1985. 
 
2. Chose intéressante, Bob Rae a dabord offert au chef conservateur et
 premier ministre, Frank Miller, le même marché quil a proposé à David
 Peterson. La pierre dangle de ce marché était un accord pour faire fonctionner
 le Parlement pendant deux ans. Miller et son caucus ont rejeté cette proposition,
 qui a abouti au ministère Peterson. Source : Ontario Elections : Twenty
 Tumultuous Years. 
 http://archives.cbc.ca/300c.asp?id=1-73-893>. Dernière
 visite : le 29 juillet 2005. 
 
3. Entrevue avec Norm Sterling, le 4 mai 2005. 
 
4. Ibid. 
 
5. Ontario, Journal des débats (Hansard), le 28 avril 1986. 
 
6. Ibid., le 28 avril 1986. 
 
7. Ibid., le 8 juin 1989. 
 
8. Ibid. 
 
9. Ibid., le 25 juillet 1989. 
 
10. Ibid. 
 
11. Ibid., le 6 mai 1991. 
 
12. Ibid., le 8 juin 1992. 
 
13. Ibid., le 2 juin 1997. 
 
14.  Ibid. 
 
15. Ibid., le 16 juin 1997.  
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